Circulation- Déplacements, Blagnac. Publié le 26/08/2022 à 05:11. Les lignes T1 et T2 du tramway ont été interrompues le 25 juillet,
DĂ©tenu Ă  Fresnes entre 2015 et 2017, M. T. a fait condamner l’établissement pour ses cours de promenade indignes. Afin de prendre la mesure de la situation et des travaux qu’il convient de rĂ©aliser, les magistrats ont dĂ©cidĂ© de se rendre sur place. L’ancien dĂ©tenu repasse avec eux les portes de la prison, cette fois en homme libre, et en position de demander des comptes Ă  l’administration pĂ©nitentiaire. RĂ©cit d’une visite exceptionnelle. Dans sa requĂȘte, M. T. avait notamment pointĂ© l’exiguĂŻtĂ© des cours par rapport au nombre de dĂ©tenus, l’absence de points d’eau et d’urinoir, l’absence d’abri et d’assises, ainsi que l’absence de surveillance pendant la promenade. L’état de dĂ©labrement et d’indignitĂ© des cours avait par ailleurs Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement signalĂ© par les instances de contrĂŽle française et europĂ©enne le ComitĂ© europĂ©en pour la prĂ©vention de la torture CPT et le ContrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ© CGLPL avaient entre autre signalĂ© la prĂ©sence importante de rats et les consĂ©quences pour les dĂ©tenus, qui ne s’asseyent plus au sol dans les cours de promenade, mais doivent se contenter de s’accroupir ou de s’adosser, et lorsqu’elles veulent jouer aux cartes, elles ne les posent pas par terre mais dans les mains d’un codĂ©tenu, qui servent de table de jeu »[1]. Les cours de promenade de la maison d’arrĂȘt de Fresnes ©GrĂ©goire Korganow/CGLPL Dans la salle de crise RĂ©unis dans la salle de crise » de Fresnes, on s’installe pour une vĂ©ritable confrontation le requĂ©rant et la dĂ©fense d’un cĂŽtĂ© nous, quatre magistrats, et toute l’administration pĂ©nitentiaire en face – il y a le ministĂšre, la DAP, la DI[2] et la direction de Fresnes. C’est lĂ  que je me rends compte que l’administration a vraiment mis les bouchĂ©es doubles il y a du monde. On sent une grosse tension. Personnellement, Ă  ce moment-lĂ , je me dis que j’ai dĂ©jĂ  gagnĂ©, parce que l’administration est en stress, parce qu’elle va recevoir des magistrats et qu’elle sait qu’elle est en tort. Le prĂ©sident explique tout de suite qu’il vient pour voir sur place ce qu’il est concrĂštement possible de faire il semble clair que pour lui, il est hors de question de revenir sur le fait que des travaux seront exigĂ©s. Ça a assez durĂ© ma requĂȘte date de 2015, on est en 2018. Mais il veut que ce soit une dĂ©cision pragmatique. Il y a justement dans cette piĂšce une grande photo aĂ©rienne de Fresnes sur laquelle on voit trĂšs bien toutes les petites alcĂŽves des promenades – il y en a plus de 140. Elles sautent aux yeux, comme une anomalie sur la photo un espace trĂšs petit dans un grand ensemble. Le prĂ©sident demande alors si c’est spĂ©cifique Ă  Fresnes. La responsable du parc immobilier lui rĂ©pond par un speech de quinze minutes qui endort tout le monde, expliquant que l’administration a toujours Ă©tĂ© d’accord pour faire des travaux mais qu’il faut les intĂ©grer dans un projet d’ensemble qui porterait sur toute la rĂ©gion parisienne autrement dit, si on prĂ©voit des travaux Ă  Fresnes, il faut aussi en prĂ©voir Ă  Fleury, et ainsi de suite
 et que le tout soit inscrit dans un grand calendrier. Moi, pendant ce temps, je boue intĂ©rieurement. L’administration joue le jeu du flot d’informations inutiles, comme quand des journalistes ou des parlementaires viennent, elle sort de grands discours qui ne correspondent absolument pas Ă  la rĂ©alitĂ©. Alors que trĂšs concrĂštement, il y a des libertĂ©s fondamentales en jeu, on s’égare dans des considĂ©rations techniques. On a des gens qui souffrent autour de nous. Qu’est-ce qu’on peut faire pour les soulager ? Mettre des bancs, des robinets ? VoilĂ , parlons de ça ! Mon avocat la reprend Si nous sommes venus aujourd’hui, ce n’est pas pour entendre le discours habituel de l’administration mais pour trouver une solution. TrĂšs concrĂštement, est-ce qu’abattre les murs, ce n’est pas une solution ? » Le directeur technique Ă©voque alors le problĂšme des canalisations ». – Il y a des canalisations dans les murs ? – Non, en sous-sol. – Alors si c’est en sous-sols, on peut casser les murs ? Ils sont obligĂ©s de reconnaĂźtre que c’est possible. En promenade Le premier dĂ©tail marquant, c’est que la prison est trĂšs propre – c’est tellement propre que tout le monde se regarde, Ă©tonnĂ©, parce qu’ils connaissent la rĂ©putation de Fresnes ! Les abords aussi sont propres. Dans cet espace de dix-quinze mĂštres, semi-bĂ©tonnĂ©, qui est juste en dessous des fenĂȘtres et qui sĂ©pare le bĂątiment des cours de promenade, d’habitude il y a toute la bouffe que jettent les mecs par les fenĂȘtres, et il y a tous les rats, c’est extrĂȘmement sale. Ce que j’ai connu ultra dĂ©gueulasse, lĂ  c’est nickel, ça a Ă©tĂ© trĂšs bien nettoyĂ©. Une cour de promenade de la maison d’arrĂȘt de Fresnes © Bernard Bisson/Divergence On rentre dans la premiĂšre promenade, une grande promenade, comme je le fais remarquer au prĂ©sident. Ce qui est intĂ©ressant – enfin, intĂ©ressant
 – c’est qu’il y a des bouteilles remplies d’urine dans la cour puisqu’il n’y a pas d’urinoirs, les mecs, pendant leur promenade, ils font pipi dans des bouteilles et les jettent par-dessus le mur, dans la cour voisine. Aux fenĂȘtres, des mecs criaient C’est pas comme ça d’habitude, c’est dĂ©gueulasse, il y a des rats, lĂ  ils ont tout lavĂ©, on n’a pas de draps
 ». La litanie des plaintes. Je pense que c’était un peu impressionnant pour les magistrats et pour l’administration. On ne s’est pas retrouvĂ©s devant un Ă©tablissement vide, on Ă©tait vraiment dans le rythme de la prison. Moi ça m’a rappelĂ© ce que j’avais oubliĂ© c’est extrĂȘmement bruyant, toute la journĂ©e – et ce n’est pas du petit bruit
 Tu as en permanence dix ou quinze voix de mecs en train de crier. Toute la dĂ©lĂ©gation est curieuse, pose des questions, regarde, trĂšs attentive. MĂȘme les gens de l’administration pĂ©nitentiaire, on ne les sent pas Ă  domicile, on les sent en visite, ils n’osaient mĂȘme pas lever les yeux. Craintifs. Je trouve ça un peu bizarre, puisque normalement c’est chez eux tu es membre de l’administration pĂ©nitentiaire, tu rentres dans une prison, tu ne regardes mĂȘme pas les gens. Si mĂȘme toi tu as peur en prison
 L’administration joue le jeu ils nous amĂšnent lĂ  oĂč on le demande, et le directeur de Fresnes rĂ©pond aux questions, il n’essaye pas de tricher. On va donc ensuite dans une promenade plus petite, et je dis aux membres de la dĂ©lĂ©gation – ils sont une vingtaine VoilĂ , imaginez-vous Ă  vingt dans cet espace tous les jours, en sachant que chacun a des besoins – marcher, courir
 Vous devez vous organiser lĂ -dedans sans que ça crĂ©e d’incidents. » Quand on est rentrĂ©s dans la deuxiĂšme promenade, le prĂ©sident a demandĂ© si les murs de sĂ©paration Ă©taient Ă©pais, dans l’idĂ©e de les dĂ©truire, j’imagine. Alors pour lui montrer que ce n’était pas trĂšs Ă©pais, j’ai fait ce qu’on fait quand on veut appeler la promenade d’à-cĂŽtĂ© j’ai tapĂ© fort avec la paume, et tout le monde a entendu que c’était tout fin et possible de casser. Les magistrats posent des questions, ils regardent. Le prĂ©sident voulait savoir quand est-ce qu’on lavait les cours de promenade Ă  grande eau. Il y a des rats, l’idĂ©al serait de nettoyer tout le temps – et c’était aussi l’idĂ©e de mon avocat, de demander Ă  intensifier encore le nettoyage L’effort que vous avez fait pour ce soit propre aujourd’hui, c’est ce qu’on aimerait tout le temps. » Le directeur a alors expliquĂ© que c’était impossible parce que les sols n’étaient pas tous bĂ©tonnĂ©s, mais aussi parce que les Ă©vacuations des eaux avaient Ă©tĂ© bouchĂ©es pour bloquer le passage des rats. Il y a bien la pente pour que l’eau ruisselle, mais c’est bouchĂ© ! Et c’est pareil quand il pleut ça fait des mares dans le fond. Or, c’est dans le fond qu’il y a l’abri. Donc soit tu t’abrites et tu as les pieds dans l’eau, soit tu ne t’abrites pas ! On va aussi voir un espace qui sĂ©pare les deux rangĂ©es de promenade et les bĂątiments, une grande cour qui sert Ă  faire du sport. C’est intĂ©ressant parce que l’administration semblait dĂ©crire l’établissement comme un lieu oĂč il n’y a pas d’espace. Quand le directeur a fait sa petite prĂ©sentation, avec la photo, Ă  aucun moment il n’a dĂ©signĂ© cette cour. Mais sur place, on voit de grands espaces amĂ©nagĂ©s, avec des petits oliviers partout, du gazon synthĂ©tique, une quarantaine de mecs qui jouent au foot
 Je prĂ©cise alors que c’est bien beau d’avoir de grands espaces, encore faut-il pouvoir y accĂ©der le sport, c’est rĂ©servĂ© Ă  quelques privilĂ©giĂ©s. Il y en a qui attendent six mois pour pouvoir y aller, d’autres, le lendemain de leur arrivĂ©e, ils sont inscrits. La surveillance On a visitĂ© le premier systĂšme de surveillance une guĂ©rite qui longe toutes les promenades et Ă  l’intĂ©rieur de laquelle se trouve un surveillant pour dix ou quinze promenades. Une fois lĂ -haut, le dĂ©ficit est flagrant le surveillant est tout seul, et il y a quinze courĂ©es qu’on voit en plongĂ©e, avec une quinzaine de mecs par promenade, et de la tension. VoilĂ , ça c’est Fresnes. La dĂ©lĂ©gation a pu voir ça, et c’est bien. Ils se faisaient interpeller par les mecs, le surveillant Ă©tait dĂ©bordĂ©, il ne pouvait rien faire. S’il y a vraiment un incident, le temps qu’il rĂ©agisse, le mec a le temps de mourir. Normalement, dans chaque promenade il y a deux camĂ©ras. Alors aprĂšs, on est allĂ© dans la salle de contrĂŽle vidĂ©o c’est une piĂšce qui est situĂ©e Ă  l’entrĂ©e de la prison, qui tient aussi lieu de parloir pour les avocats et qui est habillĂ©e d’écrans, eux-mĂȘmes sous-divisĂ©s en plusieurs Ă©crans. Tu peux voir lĂ  Ă  peu prĂšs toute la vie de la dĂ©tention. Le prĂ©sident a demandĂ© Ă  voir l’écran qui correspond aux camĂ©ras de la promenade
 Mais il y avait tous les Ă©crans de la prison sauf ceux des promenades ! Ils sont ailleurs, dans une piĂšce exiguĂ« le PIC [poste d’information et de contrĂŽle]. Le PIC, c’est l’endroit oĂč l’on gĂšre l’ouverture des portes c’est un endroit oĂč la personne qui surveille n’est jamais tranquille. Je ne vois pas comment la surveillante peut en mĂȘme temps gĂ©rer le PIC et surveiller les promenades, c’est impossible ! Elle doit ĂȘtre trĂšs vigilante sur qui passe, demander les badges
 Et s’il y a un problĂšme en dĂ©tention, elle est responsable. Pourtant, c’est lĂ -bas qu’on a mis les Ă©crans de surveillance des promenades, c’est la preuve qu’on s’en fout un peu de ce qui se passe dans les promenades. C’est aussi dans cette piĂšce qu’il y a les enregistreurs on comprend que les camĂ©ras servent uniquement en cas d’incident. Ce n’était pas une visite anodine » À la fin de la visite, tout le monde est bien marquĂ©, ça se voit physiquement – ce qui n’est pas plus mal en fait, pour qu’ils comprennent bien. Eux ils y passent deux heures, mais il y a des gens qui passent toutes leurs journĂ©es comme ça. Et de toute façon, l’administration ne conteste absolument pas le fait que ce soit inhumain ! C’est ça qui rend le truc encore un peu plus rĂ©voltant. On sait que la situation n’est pas normale du tout, et on ne fait pas ce qu’il faut pour l’arranger. Moi, pendant ce temps, j’essayais de compenser tout ce que ce retour en prison provoquait en moi en me disant que j’étais lĂ  pour quelque chose, et que j’avais rĂ©ussi quelque chose. Je suis venu parce que j’ai fait cette action en justice pour demander la mise aux normes des cours de promenade, et ça va servir. C’est lĂ  que j’ai compris que la vengeance, ce n’est pas que nĂ©gatif. Parce que ça tient en vie tant qu’on ne l’a pas. Ensuite, quand ça arrive, ça devient une revanche. Je pensais que ça me ferait plus, en fait, mais quand mĂȘme, c’est un sentiment incroyable ! Et Ă  partir du moment oĂč tu vis ce genre de choses, tu ne peux que refaire confiance au droit. Et quand tu refais confiance au droit, ça veut dire que tu reviens dans le systĂšme. Le droit protĂšge. Et quand tu es en dĂ©tention, tu es faible. Ça a l’air anodin, mais pour moi cette dĂ©cision elle est importante, et elle pourrait aussi ĂȘtre importante pour d’autres. Elle redonne confiance dans le systĂšme, et ça c’est Ă©norme, ça vaut tout. Une sensation Ă©norme Ce sentiment de revanche, je l’avais dĂ©jĂ  connu par le passĂ©, quand j’étais en maison d’arrĂȘt Ă  Douai. J’ai un peu rĂ©glĂ© mes comptes avec certains surveillants qui avaient des pratiques bizarres, et j’ai rĂ©ussi Ă  leur faire connaĂźtre ce qu’ils nous font connaĂźtre, c’est-Ă -dire Ă  les mettre dans une situation oĂč ils doivent rendre des comptes devant les forces de l’ordre. C’était en 2004, une histoire de trafic de tĂ©lĂ©visions et de rĂ©frigĂ©rateurs, une sĂ©rie de combines. Ils se sont fait arrĂȘter devant la prison, ils ont Ă©tĂ© enfermĂ©s en garde Ă  vue, et moi, en tant que plaignant, j’étais enfermĂ© aussi, avec eux, mais j’avais la chance d’ĂȘtre dans une cellule de laquelle je pouvais voir les Ă©crans qui filmaient leurs cellules. Je les ai donc vus en garde Ă  vue. C’est une sensation Ă©norme – c’est primaire, c’est bidon, mais ça fait du bien ! Parce qu’ils Ă©taient comme nous, angoissĂ©s ou dĂ©truits, certains faisaient les cent pas, certains pleuraient, certains Ă©taient assis prostrĂ©s
 Le bruit, l’odeur et le temps Si je voulais me concentrer sur moi-mĂȘme, sur ce que je ressentais, c’était oppressant. Alors j’ai vĂ©cu la visite comme un touriste. Mais les premiers trucs qui me revenaient, c’étaient les bruits et les odeurs. Et immĂ©diatement, la pensĂ©e d’aprĂšs, c’est pendant combien de temps ? Le cheminement c’est bruits, odeurs, visages, atmosphĂšre, et la question de la durĂ©e. Ça te prend, c’est une angoisse qui monte. C’est une angoisse que tous les taulards ont, mais peu en parlent. Quand tu penses prison, c’est nĂ©cessairement rapportĂ© au temps ça fait combien de temps que je suis lĂ  ? Dans combien de temps je sors ? Dans combien de temps j’ai parloir ? Dans combien de temps la promenade ? Ça va durer combien de temps ? Il reste combien de temps de promenade ? Dans combien de temps j’ai mon rendez-vous ? Dans combien de temps vient me chercher le surveillant ? C’est toujours du temps, mais sur lequel tu n’as aucune maĂźtrise. J’ai tellement vĂ©cu ça
 Tu as l’impression que tu es reparti dedans. Alors tu te rassures en te disant Je vais sortir. » [1] CGLPL, Recommandations en urgence relatives Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes, novembre 2016. [2] Direction de l’administration pĂ©nitentiaire et Direction interrĂ©gionale des services pĂ©nitentiaires.
Pourdemander un parloir à la prison de Fresnes une fois votre permis de visite obtenu, vous devez appeler le .99. Ce numéro est disponible du lundi au vendredi de 8h30 à 11h30 le matin et de 13h30 à 16h l'aprÚs-midi.
NB/ Ce reportage est le fruit d'un long travail d'enquĂȘte sur le quotidien des famille de dĂ©tenus Ă  Varces, effectuĂ© au cours de l'annĂ©e dĂ©nonciation de l’état dĂ©plorable des prisons a dĂ©passĂ© le stade des discours d’intention. L’Etat est dĂ©sormais condamnĂ©. Comme le 15 juin dernier Ă  Rennes. Mais un pan de l’incarcĂ©ration demeure invisible. Indicible. Celui des familles de dĂ©tenus. Plus de 400 000 personnes ont un proche en prison. La maison d’arrĂȘt de Varces, vĂ©tuste et tristement cĂ©lĂšbre pour le meurtre d’un dĂ©tenu abattu depuis l’extĂ©rieur en 2008, est un exemple symbolique des anciennes prisons. Un univers hostile pour maintenir des liens familiaux. PrĂšs de 2400 proches y passent chaque annĂ©e pour dĂ©poser du linge ou leurs rendre devant les portes de la prison de Varces. Le surveillant appelle les familles, non pas par leur nom, mais par celui de la personne dĂ©tenue qu’ils vont visiter. Sans nom, les parents, frĂšres, enfants et compagnes sont dĂ©jĂ  assimilĂ©s Ă  leur proche dĂ©tenu. On est libre sans l’ĂȘtre. Parce qu’il n’a pas de libertĂ© ni de bien-ĂȘtre, je m’interdis d’en avoir » confie Martine en parlant de son fils. Son prĂ©nom a Ă©tĂ© changĂ©, non pas Ă  sa demande, mais Ă  celle des responsables de l’association qui accueille les familles de dĂ©tenus Arla, Ă  20 mĂštres des murs de la prison. Entrer en prison, c’est mettre entre parenthĂšses son identitĂ© pour les dĂ©tenus, comme pour les parloir ou le partage fugace de la dĂ©tention Quand Pierre a vu pour la premiĂšre fois, il y a six mois, son jeune fils entre ces quatre murs, il a cru exploser Je voulais prendre sa place, ou venir avec mon camion pour dĂ©foncer la porte ». RĂ©voltĂ© par le traitement inhumain » des dĂ©tenus, il a contenu ses drĂŽles d’idĂ©es » mais en parle encore avec une boule dans la gorge. Le choc carcĂ©ral » n’est pas rĂ©servĂ© qu’aux y a les films, les fantasmes sur la prison. Et puis la rĂ©alitĂ© des conditions d’enfermement dans une prison construite dans les annĂ©es 1970 et aujourd’hui dĂ©labrĂ©e. Une rĂ©alitĂ© que les familles ne peuvent Ă©viter en se rendant au parloir. La saletĂ©. C’est le premier mot qui vient aux familles pour dĂ©crire les dix box de 3mÂČ oĂč elles rencontrent leur proche. Il y a des odeurs d’urine », des crachats », des dĂ©chets » et la peinture est Ă©caillĂ©e » tĂ©moignent plusieurs mĂšres et compagnes de dĂ©tenus. Une porcherie » lance une mĂšre de prĂ©venu qui dit avoir vu des rats se balader sur les toits Ă  proximitĂ© du parloir. Mathilde, collĂ©gienne, raconte que ses petits frĂšres et sƓurs ne veulent plus venir tellement c’est sale ».Pourtant Patrick Motuelle, Directeur de la maison d’arrĂȘt, assure que les parloirs ont fait l’objet d’une rĂ©fection totale il y a deux ans par les dĂ©tenus eux-mĂȘmes » et de nouvelles opĂ©rations l’an dernier par des dĂ©tenus en formation ». Un dĂ©tenu est Ă©galement chargĂ© de nettoyer tous les jours les parloirs . Mais avant le mĂ©nage de fin de journĂ©e, les familles ont le temps de dĂ©grader les espaces de parloirs, selon le Directeur. Une opinion que partage Martine Noally, prĂ©sidente du Relais enfant-parent IsĂšre qui accompagne au parloir avec des enfants dont le pĂšre est incarcĂ©rĂ© Cela ne dĂ©range pas les familles de salir. C’est liĂ© au partie du concept de prison, qui n’est pas lĂ  pour ĂȘtre belle et propre ».Outre l’odeur et l’aspect des parloirs, le confinement de la cellule y est reproduit. EnfermĂ© entre deux grilles dans des cabines sans aucune aĂ©ration, le confort est approximatif. En aoĂ»t 2009 l’expert architecte mandatĂ© par le Tribunal administratif de Grenoble mesurait une tempĂ©rature de 31°C, et une humiditĂ© supĂ©rieure Ă  la normale. Il y a quelles annĂ©es un rĂ©amĂ©nagement des parloirs avait Ă©tĂ© envisagĂ©. Le projet est restĂ© dans les tiroirs. Mais une nouvelle Ă©tude est en cours, au niveau de la direction interrĂ©gionale des services pĂ©nitentiaires, pour rĂ©habiliter entre autres, les parloirs de minutes de libertĂ© surveillĂ©e A l’intĂ©rieur de la prison, les familles passent plus de temps sans leur proche qu’avec lui. 30 minutes minimum d’attente, de passage un Ă  un sous le dĂ©tecteur de mĂ©taux et encore d’attente. 30 minutes avec le dĂ©tenu. 30 minutes pour refaire le chemin en sens inverse. Sans compter le temps de trajet. Martine qui vient du Vaucluse mobilise une journĂ©e pour son fils. Mais elle a l’autorisation de le voir pendant une heure, une fois par mois. Dans l’autre maison d’arrĂȘt isĂ©roise de Saint-Quentin Fallavier, similaire en capacitĂ© d’accueil, les parloirs durent 45 minutes. A Varces, il est matĂ©riellement impossible de faire plus », Ă  cause du manque de salles et du choix de rĂ©server les matinĂ©es aux mineurs et dĂ©tenus hospitalisĂ©s », justifie le ne doit passer non plus par le parloir. Sauf des dessins et photos de famille. Jusqu’à peu, mĂȘme les bouteilles d’eau Ă©taient interdites, il fallait en acheter Ă  l’intĂ©rieur de la prison. Des clĂ©mentines, quelques bonbons, un bout de gĂąteau passent quand mĂȘme de temps en temps. Des mini transgressions qui peuvent paraĂźtre insignifiantes, mais qui leurs redonnent peut- ĂȘtre un petit gout Ă  la vie » admet Maria, mĂšre d’un condamnĂ©. Des actes en apparence anodins mais qui conduisent Ă  des suspensions voire suppression de permis de visite relativement frĂ©quentes » surtout si la personne est de mauvaise foi », selon les mots du des parloirs collĂ©s les uns Ă  la suite des autres, oĂč chacun peut entendre la conversation du voisin, l’intimitĂ© n’existe pas. Elle est mĂȘme taboue. Le rĂšglement interdit tout comportement indĂ©cent », mais certains couples le brave. Comme Nadine, dont le mari est en dĂ©tention depuis 12 mois, et qui, dans le jargon carcĂ©ral, est enceinte d’un bĂ©bĂ© parloir ». Pour arracher ces moments d’intimitĂ© il faut savoir ĂȘtre discret », lĂąche-t-elle. Et avoir repĂ©rĂ© les gardiens conciliants qui acceptent de surveiller de loin les famille, un suspect potentiel Selon le Centre de recherche pour l’étude des conditions de vie CrĂ©doc auprĂšs de 227 familles 3, 85% d’entre elles se rendent autant qu’elles le peuvent au parloir. Mais elles doivent patienter plusieurs semaines voire plusieurs mois avant d’en obtenir l’autorisation. En juillet 2009, le compagnon de Julie est condamnĂ© Ă  une courte peine. Ils vivaient ensemble mais n’étaient pas mariĂ©s. Trois mois plus tard, le Directeur de la prison lui dĂ©livre son permis de visite. Parce qu’aux yeux de l’administration, ils ne sont pas suffisamment la police enquĂȘte sur le demandeur de permis. Une enquĂȘte administrative rapide, qui consiste Ă  vĂ©rifier si la personne est connue des services de police, mais qui est loin d’ĂȘtre une prioritĂ©, de l’aveu mĂȘme de Philippe Malbeck, chef d’état major de la police de quand le dĂ©tenu est encore prĂ©venu donc sous le contrĂŽle du juge d’instruction, la famille peut se trouver sans nouvelle directe de son proche pendant de longues semaines. Bruno Lafay, Chef du Service pĂ©nitentiaire d’insertion et de probation Spip observe qu’il peut se passer un mois entre le moment ou le prĂ©venu envoie un courrier et le moment oĂč il est reçu »4 par sa famille. Alors que ce sont les premiĂšres semaines de l’incarcĂ©ration les plus rudes. Le secret de la correspondance n’existe pas. Il passe soit pas le juge d’instruction, soit par l’administration pĂ©nitentiaire. Seulement depuis dĂ©cembre 2009, les dĂ©tenus ont accĂšs au tĂ©lĂ©phone. Mais la loi autorise seulement les condamnĂ©s Ă  s’en servir. Pas les prĂ©venus, qui attendent leur fois le sĂ©same du permis de visite obtenu, il faudra encore rĂ©ussir Ă  rĂ©server un parloir. Appeler l’unique surveillant chargĂ© des rĂ©servations entre 8h30 et 9h30. D’autant plus que les badges, pour rĂ©server les parloirs Ă  travers une borne magnĂ©tique installĂ©e Ă  en face de la prison, fonctionnent de maniĂšre alĂ©atoire. Mais la solution technique est en marche » affirme Patrick Motuelle, le Directeur de la maison d’arrĂȘt, sans prĂ©ciser de date. La surpopulation de la prison complique aussi les rĂ©servations de parloirs. En moyenne 300 personnes voire 350 Ă  certaines pĂ©riodes de l’annĂ©e sont incarcĂ©rĂ©es dans cet Ă©tablissement de 233 places. Alors qu’en thĂ©orie les maisons d’arrĂȘts ont Ă©tĂ© conçues pour les personnes en attente de jugement, deux tiers sont des condamnĂ©s. Et comme ces derniers n’ont droit qu’à deux visites par semaine, la file d’attente pour les parloirs s’allonge. famille, une assistante sociale bisC’est la premiĂšre fois que Françoise est confrontĂ©e Ă  la prison. Dans le flou carcĂ©ral, elle bataille seule », sans l’aide de ses autres enfants et trĂšs peu du service social de la maison d’arrĂȘt. J’ai envoyĂ© ma demande de permis de visite Ă  l’adresse de la cellule mon fils », alors qu’il fallait l’adresser au Directeur. L’assistante sociale ne m’avait rien dit », justifie- t-elle. A cinq conseillers d’insertion et de probation pour 300 dĂ©tenus, ils n’ont pas toujours le temps d’expliquer chaque dĂ©marche en dĂ©tail. A dĂ©faut, les familles se renseignent auprĂšs des bĂ©nĂ©voles de l’Arla, des personnes gĂ©niales et trĂšs disponibles ». Si le maintien des liens familiaux » fait partie des missions du Service pĂ©nitentiaire d’insertion et de probation SPIP, Bruno Lafay prĂ©cise que leur travail se situe avant tout auprĂšs des condamnĂ©s, sur leurs projets d’amĂ©nagement de peines et activitĂ©s en dĂ©tention ». Pas le temps donc de recevoir les familles. Seulement de les appeler les premiers jours de l’incarcĂ©ration de leur le code de procĂ©dure pĂ©nale, le Spip doit favoriser la rĂ©insertion sociale du dĂ©tenu ». Mais il ne l’aide pas directement dans ses projets de rĂ©insertion professionnelle future. Le Spip renvoie les dĂ©tenus par exemple vers l’Association rĂ©gionale pour l’insertion Arepi, le Pole Emploi et les foyers d’hĂ©bergements ». Des organismes qui interviennent une fois que le dĂ©tenu est sorti ou quand il sait avec certitude qu’il va sortir. L’Arepi suit une trentaine d’ex-dĂ©tenus de Varces et tient une permanence une fois par mois Ă  la maison d’arrĂȘt. Une permanence qui sert essentiellement les aider dans leurs dĂ©marches administratives dossiers Caf et RSA.Beaucoup de familles s’investissent alors dans la recherche active de promesse d’embauche, qui peut peser en faveur d’un amĂ©nagement de peine. Comme cette compagne de condamnĂ© arrivĂ© Ă  mi- peine, qui toutes les semaines Ă©crit des lettres de motivations, trouve les adresses d’entreprises, appelle la mission locale », alors qu’elle travaille et poursuit des Ă©tudes en mĂȘme temps. Des efforts redoublĂ©s par le sentiment qu’à l’intĂ©rieur ils ne font rien pour eux ». Comme tenu du nombre de dĂ©tenus, les travailleurs sociaux fonctionnent sur un systĂšme de demandes d’entretiens. Si le dĂ©tenu n’est pas demandeur, il y a de fortes chances pour qu’il ne soit pas vu », regrette Bruno dĂ©tenus nourris, blanchis
par leur famille LogĂ©s dans des cellules de 9mÂČ, les dĂ©tenus sont Ă  la charge de leur famille. La prison leur fournit le minimum. La location du frigo et de la tĂ©lĂ©vision leurs coĂ»te 24 euros par mois. Avec seulement quatre machines Ă  laver dans la prison pour 300 dĂ©tenus, ce sont les familles qui se chargent de la lessive de leur proche. En plus de ce service, 70% des familles envoient plus de 76 euros par mois Ă  leur proche incarcĂ©rĂ© en maison d’arrĂȘt CrĂ©doc. En comptant les frais d’avocats et le coĂ»t des trajets, les familles dĂ©pensent en moyenne 200 euros par mois pour la personne incarcĂ©rĂ©e. Maria, avec un SMIC et un loyer Ă  600euros se prive dĂ©jĂ  pour l’aider ». Alors l’interdiction d’apporter des CD et DVD dĂ©jĂ  utilisĂ©s la dĂ©passe. Ils doivent ĂȘtre neufs, dans leur emballage d’origine. A noĂ«l, les familles ont le droit d’envoyer un colis. 5kg maximum. Tous les aliments doivent ĂȘtre cuits et les papillotes dĂ©ballĂ©es. Mais rien pour PĂąques, la fĂȘte des pĂšres. DĂ©jĂ  qu’ils perdent leurs repĂšres, ils perdent en plus le goĂ»t ».En l’absence du dĂ©tenu, certaines familles doivent aussi gĂ©rer le logement vacant et ses factures. Le fils de Françoise est entrĂ© en dĂ©cembre dernier Ă  Varces, mais les loyers ont continuĂ© d’ĂȘtre dĂ©bitĂ©s automatiquement de son compte et il s’est retrouvĂ© interdit bancaire. Françoise a dĂ» rembourser ses frais de banque et arpenter les mĂ©andres de l’administration pour obtenir une procuration. Presqu’un mois de dĂ©marches et de va-et-vient. Bruno Lafay admet que cet acte relativement simple peut mettre 15 jours, le temps qu’il passe par le Spip, le condamnĂ©, le greffe, qu’il soit renvoyĂ© Ă  la banque et enfin retournĂ© Ă  la prison ».L’impossible Ă©vasion Toutes les familles ne rendent pas visite Ă  leur proche dĂ©tenu. Certaines avaient jurĂ©es qu’elle ne mettrait pas les pieds dans la prison, que ça lui servirait de leçon ». Mais rapidement elles s’inquiĂštent, se sentent coupables de le laisser tout seul lĂ -bas ». Une mĂšre et sa fille, assises dans le local de l’Arla, plaisantent on est habituĂ©es, tous nos frĂšres sont passĂ©s par lĂ  ! » mais s’empressent de rajouter nous sommes plus enfermĂ©es qu’eux qui sont derriĂšre les barreaux . » Une maniĂšre de dire que contrairement aux idĂ©es reçues et malgrĂ© les obstacles, la rupture des liens familiaux est plus difficile que son maintien. Pour Maria, c’est une question de survie mĂȘme quand il ne va pas bien, il vient [au parloir]. Je le maintiens en vie ».Une sƓur de condamnĂ© ne part plus en vacances , pour ĂȘtre lĂ  dĂšs qu’il se passe quelque chose. » On est constamment sur le pied de guerre », dit-elle. Le 24 dĂ©cembre 2009 et le 12 janvier 2010, deux dĂ©tenus sont dĂ©cĂ©dĂ©s dans leur cellule. L’un s’est pendu Ă  son radiateur et l’autre est mort par asphyxie, mais l’origine de l’incendie demeure obscure pour la famille et son avocat. Deux faits qui tĂ©moignent de l’insĂ©curitĂ© de la maison d’arrĂȘt de Varces et renforcent l’inquiĂ©tude des familles. Pierre, qui a quittĂ© son travail en Italie pour se rapprocher de Grenoble, ne vit pas Ă  cause de tout ce qui se passe dans les prisons ». Deux fois son fils n’est pas venu Ă  son rendez-vous de parloir, parce qu’il Ă©tait en promenade selon le gardien ». La semaine suivante son fils lui explique que le surveillant lui aurait assurĂ© qu’il n’avait pas parloir. Impossible de dĂ©mĂȘler le vrai du faux, mais cette opacitĂ© carcĂ©rale n’aide pas Ă  trouver le sommeil. PrĂšs d’une personne sur deux, rencontrĂ©es par le CrĂ©doc en 2000, Ă©prouve des troubles de la fatigue et de l’ familles en voie de considĂ©ration Dix ans aprĂšs le rapport du SĂ©nat sur les prisons françaises, qualifiĂ©es d’humiliation pour la RĂ©publique », le pouvoir politique et l’administration pĂ©nitentiaire ont reconnu l’importance du maintien des liens familiaux, avec notamment la crĂ©ation d’UnitĂ© de Vie Familiales UVF. Il en existe dans 10 Ă©tablissements, 17 d’ici mi-2012. Sur un total de 203 Ă©tablissements pĂ©nitentiaires. Les UVF ne concernent pas les maisons d’arrĂȘts comme Varces, oĂč les dĂ©tenus ne sont pas censĂ©s rester plus d’un an. Mais c’est grĂące Ă  la pression du Conseil de l’Europe et du comitĂ© europĂ©en pour la prĂ©vention de la torture CPT que l’Etat français s’est dĂ©cidĂ© Ă  autoriser le tĂ©lĂ©phone dans les maisons d’arrĂȘts. Les dĂ©cisions de transferts des dĂ©tenus par l’administration, tiennent Ă©galement plus compte de l’éloignement de la famille, et surtout peuvent ĂȘtre contestĂ©es devant les la loi prĂ©voit toujours que les familles ne doivent ĂȘtre prĂ©venues qu’une fois leur proche transfĂ©ré Au risque qu’elles viennent Ă  la prison pour rien et en dĂ©pit des recommandations europĂ©ennes. Les nouvelles prisons des annĂ©es 2000 se voulaient novatrices en construisant des locaux dĂ©diĂ©s aux familles. A la maison d’arrĂȘt de Corbas Lyon, qui a ouvert en mai 2003, la maison des familles est sous surveillance vidĂ©o et contrĂŽlĂ©e depuis la prison. Une maniĂšre de leur faire une place au sein de la prison. En les assimilant aux les familles ne sont plus complĂštement ignorĂ©es, leur quotidien reste intimement mĂȘlĂ© Ă  la dĂ©tention de leur proche. Pour Martine tout tourne autour de [son] fils. Constamment avec lui par la pensĂ©e, je vis la prison avec lui. » Partager la peine, une forme de rĂ©sistance sourde et quotidienne Ă  l’enfermement de son proche. Pas au sien.
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Ledirecteur de la maison d’arrĂȘt de Fresnes a assurĂ© lundi Ă  la sĂ©natrice Esther Benbassa, qui visitait son Ă©tablissement, avoir rappelĂ© ses surveillants Ă  la « rigueur » pendant leurs contrĂŽles, aprĂšs la mort de deux dĂ©tenus en moins d’un mois. Un premier dĂ©tenu, ThĂ©o, ĂągĂ© de 28 ans, avait Ă©tĂ© retrouvĂ© mort le 11 janvier dans sa cellule de la prison du Val-de-Marne et M le mag Coronavirus et pandĂ©mie de Covid-19 En prison, la situation est explosive entre prisonniers et surveillants. Les mesures de distanciation mises en place pour Ă©viter la transmission du coronavirus sont impossibles Ă  appliquer et le tarissement des colis venus de l’extĂ©rieur accroĂźt les tensions. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Tarek le prĂ©nom a Ă©tĂ© modifiĂ©, incarcĂ©rĂ© pour une affaire de banditisme, vient de prendre cinq ans. A 23 ans, il est en dĂ©tention Ă  Fresnes Va-de-Marne depuis six mois. L’une des prisons les plus vĂ©tustes de France, totalement surpeuplĂ©e. PrĂšs de 2 200 dĂ©tenus s’y entassent, pour 1 700 places disponibles. En quelques jours, la maison d’arrĂȘt est devenue le plus important cluster » pĂ©nitentiaire du pays c’est lĂ  qu’était dĂ©tenu Mohamed M., 74 ans, le premier prisonnier mort du Covid-19, le 16 mars, deux jours avant le dĂ©but du confinement officiel en prison, qui prive les prisonniers de toute visite extĂ©rieure. Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Coronavirus les prisons coupĂ©es du monde, les dĂ©tenus privĂ©s de parloirs Depuis, au moins huit autres cas ont Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s dans l’établissement. Parmi eux, une infirmiĂšre, puis sa collĂšgue, la directrice des ressources humaines, deux autres agents, au moins deux dĂ©tenus
 Une centaine de prisonniers sont actuellement confinĂ©s dans un Ă©tage du bĂątiment, et les surveillants qui les ont cĂŽtoyĂ©s sont placĂ©s en quatorzaine. Lorsqu’il sort de cellule, Tarek cĂŽtoie probablement Erwan le prĂ©nom a Ă©tĂ© changĂ©, l’un des ­surveillants, en poste depuis trois ans Ă  Fresnes. FatiguĂ©, ce pĂšre de famille de 32 ans enchaĂźne les heures supplĂ©mentaires pour remplacer ses nombreux collĂšgues qui sont en arrĂȘt maladie. Ça commence Ă  se tendre, ça se pousse avec les surveillants, ça commence Ă  se manquer de respect. En promenade, ça parle de choper un maton, de prendre les clĂ©s et d’ouvrir les cellules. » Tarek, un dĂ©tenu Des deux cĂŽtĂ©s, les nerfs sont Ă  vif. Depuis l’annonce ­officielle du confinement en milieu carcĂ©ral, le 18 mars, des prisonniers accusent les agents, qui viennent de l’extĂ©rieur, de propager le virus dans l’établissement. Ça commence Ă  se tendre, ça se pousse avec les surveillants, ça commence Ă  se manquer de respect, constate Tarek. En promenade, ça parle de choper un maton, de prendre les clĂ©s et d’ouvrir les cellules. » Des ­fantasmes d’émeutes, comme en Italie, oĂč dix prisonniers ont trouvĂ© la mort il y a deux semaines
 Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Coronavirus les prisons se vident partiellement pour protĂ©ger les dĂ©tenus Mais ce n’est pas ce qui inquiĂšte le plus Erwan. Si certains de ses collĂšgues ont un masque, lui n’en a pas et ne dispose que d’une paire de gants pour la journĂ©e, alors qu’il palpe et menotte cinquante dĂ©tenus quotidiennement ». Les rĂšgles de distanciation sociale sont Ă©videmment inapplicables derriĂšre les barreaux En promenade, on a trente mecs qui tournent dans 25 mĂštres carrĂ©s, ils se touchent, on se touche tous. » Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. MaisonĂ  vendre 135mÂČ 7 piĂšces. FRESNES (94260) Voir l'annonce. Site web. FRESNES-centre ville, sur une parcelle de terrain de 440mÂČ, maison d'habitation de 7 piĂšces principales comprenant: en rez de jardin, un double sĂ©jour de 25mÂČ, une cuisine amĂ©nagĂ©e, 2 chambres, une salle d'eau, un wc, un atelier, une buanderie et un garage; au
Le mardi 23 août 2022, le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, a convié une partie de la presse nationale dans une visite guidée sur le futur quartier centre de détention QCD rattaché à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. En effet, des travaux d’envergure sont en cours depuis de longs mois pour réhabiliter ce centre de jeunes détenus en centre de détention d’une capacité de 408 places avec une livraison prévue en septembre 2023. Si le garde des sceaux a rappelé à la presse son bilan à la tête de son Ministère et souligné l’engagement des personnels dans leurs différentes missions régaliennes. Il a aussi insisté sur la dignité humaine dans nos prisons. Néanmoins, il n’a pas échappé aux questions relatives à la tourmente médiatique et polémique de l’organisation de Koh lantess » à la prison de Fresnes, le 27 juillet 2022 dont il a diligenté une enquête administrative. Le garde des sceaux a précisé que ni la DAP, ni son cabinet, ni la DICOM du secrétariat général du Ministère de la justice n’avaient connaissance des modalités précises de cet événement hors norme comme indiqué dans les conclusions du rapport remis et communiqué à la presse. À l’issue, une délégation locale Force Ouvrière Justice a été reçue par le Directeur adjoint de l’administration pénitentiaire DAPA, le Directeur Interrégional des services pénitentiaires de Paris et le chef d’établissement de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Nous avons saisi l’opportunité pour affirmer notre position et surtout dénoncer ces images choquantes qui ont blessé tant les victimes que les personnels pénitentiaires dans son ensemble. Par ailleurs, cet échange a permis de rappeler les nombreux sujets inhérents à notre établissement pénitentiaire qui impactent les conditions de travail des personnels tous corps et grades confondus Pour information, Force Ouvrière Justice avait déjà remis un rapport détaillé portant tant sur nos revendications locales que nationales lors de la visite du premier Ministre et du garde des sceaux en date du 23 août 2021 sur la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Ainsi, en raison d’un temps de parole limité, Force Ouvrière a souhaité rappeler et aborder les points sur la thématique du jour 1/ Ressources Humaines Le DAPA indique que l’organigramme de référence est en cours de réalisation, il est dans l’incapacité de nous communiquer l’effectif nécessaire pour faire fonctionner le quartier centre de détention QCD dans son ensemble. Sur ce point, nous avons attiré son attention sur le manque d’attractivité de notre profession et notamment sur les chiffres alarmants du dernier recrutement, près de 18 % des candidats présents. Force Ouvrière Justice s’interroge légitimement sur notre capacité de recruter sans une véritable réforme statutaire et indemnitaire. Notre organisation réclame une loi de programmation budgétaire pour allouer des moyens à la Justice à la hauteur des objectifs à atteindre à l’instar du Beauvau de la sécurité. 2/ sécurisation du domaine Depuis de nombreuses années Force Ouvrière Justice Ɠuvre pour une sécurisation du domaine au regard des caractéristiques de cet établissement hors norme et de ses contraintes inhérentes. Nos interlocuteurs se veulent rassurant et misent sur les ELSP entre autres pour assurer cette mission essentielle. Force Ouvrière Justice a demandé un effectif conséquent pour assurer ses nouvelles missions dévolues dans notre établissement pénitentiaire. Le directeur Interrégional a souhaité une féminisation de ces équipes de sécurité pour prendre en compte la gestion de la MAF. Force Ouvrière Justice a rappelé la nécessité d’une rénovation de la MAF pour améliorer les conditions de vie des personnels mais aussi des personnes détenues dont nous avons la garde. Par ailleurs le bureau local Force ouvrière a attiré l’attention sur 3/ La situation du logement en île- de-France En dépit des annonces du Ministre de la Justice le jeudi 07 avril 2022 en matière de politique de logement en faveur des personnels du Ministère de la Justice. Force Ouvrière Justice reste attentive à la concrétisation de ses projets de construction sur Savigny-sur-Orge et Fleury-Mérogis. Dans l’attente, l’insuffisance est bien réelle et reste un frein dans le dispositif de fidélisation mis en Ɠuvre au sein de notre établissement pénitentiaire. 4/ Politique d’accueil et de qualité de vie Le bureau local Force Ouvrière encourage et accompagne également une politique pérenne en faveur des personnels La construction d’un quatrième foyer. L’agrandissement et la rénovation de l’unité de vie L’extension du Mess. Sécurisation et extension des parkings Installation de bornes électriques L’aménagement et la sécurisation d’une piste cyclable. Renforcement et développement des infrastructures socio-culturelles et sportives création d’un complexe sportif avec développement de partenariat, rénovation du terrain de sport, etc.. Par ailleurs chacun appréciera au regard de l’actualité les positions des uns et des autres ceux qui défendent les intérêts de la profession et des personnels. Force Ouvrière Justice une vraie présence au quotidien. Lire le communiquĂ©
Vousallez trouver ci-dessous les diffĂ©rents documents utiles pour vous simplifiez les dĂ©marches pour les parloirs : La demande de permis de visite. Inventaire de linge au format pdf : DĂ©pose du linge lors d’un parloir avec un proche. Inventaire de linge pour les dĂ©tenus arrivants : DĂ©pose du linge pour une personne arrivante. 1 seul Photo de la prison de Fresnes Val-de-Marne prise le 25 novembre 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFPLa nuit, dans la maison d'arrĂȘt de Fresnes, chaque division, environ 600 prisonniers, est confiĂ©e Ă  huit surveillants. Les syndicats dĂ©noncent notamment un problĂšme d' directeur de la maison d'arrĂȘt de Fresnes a assurĂ© lundi Ă  la sĂ©natrice Esther Benbassa, qui visitait son Ă©tablissement, avoir rappelĂ© ses surveillants Ă  la "rigueur" pendant leurs contrĂŽles, aprĂšs la mort de deux dĂ©tenus en moins d'un premier dĂ©tenu, ThĂ©o, ĂągĂ© de 28 ans, avait Ă©tĂ© retrouvĂ© mort le 11 janvier dans sa cellule de la prison du Val-de-Marne et un autre, SĂ©bastien, 24 ans, l'a Ă©tĂ© le 5 fĂ©vrier. Si les causes de la mort du premier restent mystĂ©rieuses, le second se serait apparemment suicidĂ©."Il n'Ă©tait pas identifiĂ© comme suicidaire"Ces dĂ©cĂšs, qui font toujours l'objet d'enquĂȘtes, ont suscitĂ© une visite de l'Ă©lue, ex-EELV, de Paris dans cette prison construite Ă  la fin du XIXe siĂšcle et connue pour sa une source pĂ©nitentiaire, SĂ©bastien "avait Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© quatre fois pour violences, notamment intrafamiliales. Il Ă©tait libĂ©rable en juin et venait de reprendre une nouvelle peine de trois ans [d'emprisonnement] pour des faits de harcĂšlement commis depuis la dĂ©tention"."Il n'Ă©tait pas identifiĂ© comme suicidaire, il n'avait pas manifestĂ© de vellĂ©itĂ© de passer Ă  l'acte", a expliquĂ© devant la cellule, recouverte de scellĂ©s rouges, un surveillant Ă  Esther sĂ©natrice avait conviĂ© la presse Ă  sa visite mais Ă©tait la seule habilitĂ©e Ă  poser des questions aux agents et aux la section oĂč se trouvait SĂ©bastien, deux rondes sont organisĂ©es la nuit une vers 20h, l'autre vers 7h. C'est donc pendant ce laps de temps que le dĂ©tenu est apparemment passĂ© Ă  l'acte. Il avait obstruĂ© l'oeilleton de sa cellule, qui permet aux surveillants de vĂ©rifier ce qui se passe dans la cellule."Il nous manque des agents"Dans l'Ă©tablissement, la nuit, chaque division,environ 600 prisonniers, est confiĂ©e Ă  huit surveillants."Malheureusement, en service de nuit on ne peut pas ĂȘtre en permanence derriĂšre chaque porte. On a une population qui a le temps d'observer nos pratiques et de connaĂźtre nos rondes. Ils savent quand on va passer", avance Jean-Christophe Petit, reprĂ©sentant local du syndicat Ufap-Unsa Justice."Les agents font leur contrĂŽle correctement, certains le font de maniĂšre un peu superficielle, mais c'est une minoritĂ©", a rassurĂ© Jimmy Delliste, le directeur de l'Ă©tablissement, qui a organisĂ© la semaine derniĂšre une rĂ©union avec ses agents. "La prĂ©vention du suicide, c'est une chose sur laquelle on travaille depuis des annĂ©es", a-t-il ajoutĂ©."Nous avons de plus en plus de personnes Ă©crouĂ©es qui, de notre point de vue, souffrent de troubles psychiatriques ou de troubles du comportement. Ce n'est pas la faute des psychiatres, ils sont peu nombreux", a Ă©galement expliquĂ© M. syndicats dĂ©noncent eux un problĂšme d'effectifs "on rappelle les gens sur leur temps de repos pour venir travailler, il nous manque des agents", dit CĂ©dric Boyer, dĂ©lĂ©guĂ© FO Fresnes, deuxiĂšme plus grosse prison de France, quatre dĂ©tenus se sont ĂŽtĂ© la vie en 2021. InterrogĂ© sur la mort de SĂ©bastien, un de ses voisins de cellule a simplement dĂ©clarĂ© Ă  la sĂ©natrice "tout le monde Ă©tait gentil avec lui, il voulait peut-ĂȘtre partir. C'est la prison, c'est normal".
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Lamaison d’arrĂȘt compte actuellement 1679 dĂ©tenus pour 1603 places, soit un taux d’occupation de 115%. “Il y a Ă©videmment des conditions de dĂ©tention qui restent trĂšs difficiles.
Ouvrir une Ă©cole, c’est fermer une prison », disait Victor Hugo
pourtant, si la dĂ©tention est effectivement un mal, c’est bien Ă©videmment un mal nĂ©cessaire, du moins dans certaines situations. Depuis de nombreuses annĂ©es, les rapports, les dĂ©cisions de justice, les articles de presse se multiplient pour dĂ©noncer les conditions de dĂ©tention en France[1]. Pourtant, rien n’est fait ou si peu, du moins pas suffisamment
 Comment expliquer les problĂšmes inhĂ©rents Ă  la prison et leur gravitĂ© ? À ma petite Ă©chelle de maĂźtre de confĂ©rences des universitĂ©s, j’organise rĂ©guliĂšrement des visites dans les maisons d’arrĂȘt qui acceptent de tels Ă©vĂšnements. J’immortalise d’ailleurs rĂ©guliĂšrement ces Ă©vĂšnements en publiant, sur mon blog[2], les tĂ©moignages des Ă©tudiants sur cette expĂ©rience assez unique. J’ai Ă©galement Ă©tĂ© un temps assesseur en commission de discipline dans une maison d’arrĂȘt, mais ça, c’est une autre histoire
 Bref, rĂ©guliĂšrement, je contacte les directeurs des maisons d’arrĂȘt et j’organise ces rencontres. J’ai ainsi eu la chance d’organiser quelques visites Ă  la maison d’arrĂȘt de Fresnes, dont la derniĂšre en 2015, ce qui nous avait permis d’échanger avec le directeur de l’établissement pĂ©nitentiaire de l’époque, notamment sur la surpopulation carcĂ©rale, les conditions de dĂ©tention et la dĂ©radicalisation. Avant cette discussion, un surveillant nous avait emmenĂ©s visiter »[3] les lieux. Ce qui marque le plus souvent les novices, c’est le bruit permanent, lancinant
 Un Ɠil plus expĂ©rimentĂ© constate aussi que, parfois, certains quartiers sont soigneusement Ă©vitĂ©s et que, si l’attention des Ă©tudiants est attirĂ©e sur la magnifique cour de promenade rĂ©alisĂ©e grĂące Ă  l’aide de l’association Ensemble contre la rĂ©cidive », ils ne voient pas une autre cour situĂ©e juste derriĂšre eux, oĂč pullulent les rats et la vermine. Deux phĂ©nomĂšnes peuvent ĂȘtre dĂ©noncĂ©s concernant spĂ©cifiquement cette maison d’arrĂȘt la vĂ©tustĂ© des lieux et la surpopulation carcĂ©rale. La prison date de 1898, comment la rĂ©nover alors mĂȘme que les dĂ©tenus sont dĂ©jĂ  largement entassĂ©s ? C’est donc sans surprise que j’ai assistĂ© Ă  la grogne, Ă  la contestation, Ă  la dĂ©nonciation, Ă  l’exaspĂ©ration quant aux conditions de dĂ©tention Ă  Fresnes qui se dĂ©gradent graduellement
 Cet Ă©tĂ© a d’ailleurs connu la fin – provisoire ? – de l’épilogue juridictionnel qui a conduit le Conseil d’État Ă  rejeter les prĂ©tentions de l’Observatoire international des prisons[4] et ce, tout en permettant d’attirer l’attention sur une situation particuliĂšrement prĂ©occupante. Les prĂ©mices Dans cette affaire, tout dĂ©bute par l’ordonnance du 6 octobre 2016, par laquelle le tribunal administratif de Melun a enjoint Ă  l’État de poursuivre son effort, par tous les moyens utiles, pour Ă©liminer la vermine dans la maison d’arrĂȘt de Fresnes[5]. L’État avait reconnu cet Ă©tat de fait tout en affirmant agir dĂ©jĂ  suffisamment pour rĂ©duire les nuisibles Ă  une population acceptable. Le reprĂ©sentant de la Chancellerie ajoutait nĂ©anmoins qu’il serait vain d’espĂ©rer assainir la prison, car la vermine est inhĂ©rente aux vieilles constructions et que dĂ©ratiser une maison d’arrĂȘt surpeuplĂ©e, c’est compliquĂ©. Selon le tribunal, il y a lieu d’enjoindre Ă  l’administration de poursuivre, dans les meilleurs dĂ©lais, toutes les mesures nĂ©cessaires pour bĂ©tonner les zones sableuses de l’établissement et de reboucher les Ă©gouts par lesquels les rats peuvent s’infiltrer au sein de l’établissement et d’intensifier l’action de dĂ©ratisation, notamment dans les parties de l’immeuble oĂč la concentration des rongeurs est maximale ; que l’établissement pĂ©nitentiaire informera l’agence rĂ©gionale de santĂ© du rĂ©sultat de ces actions »[6]. Quelques semaines plus tard, des recommandations relatives Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes Val-de-Marne ont Ă©tĂ© publiĂ©es par la ContrĂŽleuse gĂ©nĂ©rale des lieux de privation de libertĂ© au Journal Officiel, le 14 dĂ©cembre 2016, en application de la procĂ©dure d’urgence[7]. Les douze contrĂŽleurs font Ă©tat de violations graves des droits fondamentaux, notamment au regard de l’obligation incombant aux autoritĂ©s publiques de prĂ©server les personnes dĂ©tenues de tout traitement inhumain et dĂ©gradant. Pour la seule maison d’arrĂȘt des hommes, le taux d’occupation moyen est de 188 %. Par ailleurs, les locaux sont inadaptĂ©s et les conditions d’hygiĂšne dĂ©sastreuses. Cette situation a rapidement pris une tournure contentieuse avec une nouvelle saisine, par la Section française de l’Observatoire international des prisons, du juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du tribunal administratif de Melun[8] afin qu’il ordonne aux autoritĂ©s pĂ©nitentiaires et judiciaires de nombreuses obligations de faire, parmi lesquelles – mettre fin Ă  l’encellulement Ă  trois afin de garantir Ă  chaque dĂ©tenu un minimum de 4 mÂČ d’espace vital dans les cellules collectives ; – d’allouer aux services judiciaires et pĂ©nitentiaires de Fresnes les moyens financiers, humains et matĂ©riels et de prendre toutes mesures de rĂ©organisation des services permettant le dĂ©veloppement des amĂ©nagements de peine et de mesures alternatives Ă  l’incarcĂ©ration au bĂ©nĂ©fice des personnes prĂ©venues et condamnĂ©es afin de lutter efficacement et durablement contre la sur-occupation de la maison d’arrĂȘt de Fresnes ; – de prendre immĂ©diatement des mesures dĂ©cisives pour mettre un terme dĂ©finitif Ă  la prĂ©sence des animaux et insectes nuisibles dans l’établissement 
 Par une ordonnance n° 1703085 du 28 avril 2017, le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du tribunal administratif de Melun a partiellement fait droit aux demandes prĂ©sentĂ©es par la Section française de l’Observatoire international des prisons et rejetĂ© le surplus de ses conclusions. Un arrĂȘt mi-figue mi-raisin La Section française de l’Observatoire international des prisons a alors demandĂ© au juge des rĂ©fĂ©rĂ©s du Conseil d’État 1° d’annuler cette ordonnance en tant qu’elle n’a pas fait droit Ă  certaines de ses demandes ; 2° de dĂ©livrer de nouvelles injonctions Ă  l’administration En effet, les conditions d’incarcĂ©ration seraient de nature Ă  porter une atteinte grave et manifestement illĂ©gale aux droits fondamentaux des personnes dĂ©tenues, et notamment Ă  leur droit de ne pas subir des traitements inhumains et dĂ©gradants, garanti par l’article 3 de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales. Deux normes, l’une gĂ©nĂ©rale, Ă  savoir l’article 3 CESDH, et l’autre spĂ©ciale, issue de l’article 22 de la loi du 24 novembre 2009 pĂ©nitentiaire[9] consacrent la dignitĂ© du dĂ©tenu. À cette occasion, le Conseil d’État a affirmĂ© Eu Ă©gard Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© des dĂ©tenus et Ă  leur situation d’entiĂšre dĂ©pendance vis-Ă -vis de l’administration, il appartient Ă  celle-ci [
] de prendre les mesures propres Ă  protĂ©ger leur vie ainsi qu’à leur Ă©viter tout traitement inhumain ou dĂ©gradant afin de garantir le respect effectif des exigences dĂ©coulant des principes rappelĂ©s notamment par les articles 2 et 3 de la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales. » Plus encore, [l]orsque la carence de l’autoritĂ© publique crĂ©e un danger caractĂ©risĂ© et imminent pour la vie des personnes ou les expose Ă  ĂȘtre soumises, de maniĂšre caractĂ©risĂ©e, Ă  un traitement inhumain ou dĂ©gradant, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă  ces libertĂ©s fondamentales, et que la situation permet de prendre utilement des mesures de sauvegarde dans un dĂ©lai de quarante-huit heures, le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s peut, au titre de la procĂ©dure particuliĂšre prĂ©vue par l’article L. 521-2, prescrire toutes les mesures de nature Ă  faire cesser la situation rĂ©sultant de cette carence »[10]. Ces mesures doivent en principe prĂ©senter un caractĂšre provisoire, sauf lorsqu’ aucune mesure de cette nature n’est susceptible de sauvegarder l’exercice effectif de la libertĂ© fondamentale Ă  laquelle il est portĂ© atteinte. Le juge du rĂ©fĂ©rĂ© libertĂ© peut Ă©galement dĂ©cider de dĂ©terminer Ă  brĂšve Ă©chĂ©ance, dans une dĂ©cision ultĂ©rieure, les mesures complĂ©mentaires qui s’imposent et peuvent ĂȘtre trĂšs rapidement mises en Ɠuvre. Dans tous les cas, l’intervention du juge du rĂ©fĂ©rĂ© libertĂ© est subordonnĂ©e au constat que la situation litigieuse lui permette de prendre utilement et Ă  trĂšs bref dĂ©lai les mesures de sauvegarde nĂ©cessaires. Ainsi, il n’appartient pas au Conseil d’État, dans le cadre d’un rĂ©fĂ©rĂ© libertĂ©, d’ordonner des mesures d’ordre structurel, insusceptibles d’ĂȘtre mises en Ɠuvre et d’avoir des effets Ă  bref dĂ©lai. S’agissant des conditions de dĂ©tention en cellule, le Conseil d’État relĂšve l’existence d’un taux d’occupation de plus de 200 %, impliquant des encellulements Ă  trois, la prĂ©sence de nuisibles, ainsi que le manque de luminositĂ© et l’humiditĂ© des cellules. Il estime que ces conditions de dĂ©tention sont de nature Ă  porter atteinte Ă  la vie privĂ©e des dĂ©tenus et de les exposer Ă  des traitements inhumains et dĂ©gradants. Toutefois, il juge que l’existence d’une atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă  des libertĂ©s fondamentales doit s’apprĂ©cier en tenant compte des moyens de l’autoritĂ© administrative compĂ©tente et des mesures qu’elle a, le cas Ă©chĂ©ant, dĂ©jĂ  prises. Il relĂšve notamment qu’en l’espĂšce, l’administration n’a pas la maĂźtrise du nombre de mises sous Ă©crou, qui dĂ©pendent de l’autoritĂ© judiciaire, et qu’elle a dĂ©jĂ  engagĂ© des mesures de dĂ©sinsectisation et de renouvellement du mobilier. Dans ces conditions, il juge qu’aucune atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă  une libertĂ© fondamentale ne peut ĂȘtre retenue. Tout en prononçant cette dĂ©cision, le Conseil d’État se rĂ©serve le droit d’intervenir ultĂ©rieurement pour dĂ©livrer des injonctions Ă  l’État, l’avertissement semble solennel et devrait ouvrir la voie Ă  de nouveaux recours concernant d’autres maisons d’arrĂȘts, Fresnes n’étant pas isolĂ©e
 Les solutions envisageables Le fait d’exposer de la sorte des dĂ©tenus Ă  des conditions de dĂ©tention portant manifestement atteinte Ă  leur dignitĂ© pourrait-il justifier la saisine d’une juridiction pĂ©nale ? La rĂ©ponse est nĂ©gative et ce, au moins pour deux raisons juridiques. Tout d’abord, l’infraction constituĂ©e par des conditions d’hĂ©bergement contraires Ă  la dignitĂ© humaine, telle que prĂ©vue par le code pĂ©nal[11], est d’interprĂ©tation stricte. Les lois rĂ©priment le fait de soumettre une personne Ă  des conditions d’hĂ©bergement incompatibles avec la dignitĂ© humaine et induisent comme contrepartie Ă  l’hĂ©bergement, une forme d’exploitation de la personne hĂ©bergĂ©e en vue d’un certain en AvisitĂ© ce lieu plus de 5 fois. Personnel trĂšs accueillant, les voisins sont aimables et la bouffe divine. A recommander ! Minimal Nano Septembre 21, 2013. Insalubres laid d'une autre Ă©poque honte de la rĂ©publique un Ă©tablissement comme les autres Ă  raser et reconstruire . 2 Photos. Recherches connexes. maison d'arret de fresnes fresnes ‱ maison d'arret de fresnes fresnes

Boxes de 2 mÂČ avec muret de sĂ©paration entre dĂ©tenus et visiteurs, manque d’hygiĂšne, attente interminable, mesures de sĂ©curitĂ© parfois absurdes
 Alors que la loi prĂ©voit depuis 2009 la gĂ©nĂ©ralisation des parloirs familiaux prĂ©servant l’intimitĂ©, ceux de la maison d’arrĂȘt des hommes de Fresnes demeurent d’un autre Ăąge. “Bienvenue au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes. Vous souhaitez joindre le parloir ou les permis de visite, tapez 1”. Je tape 1. “Vous souhaitez avoir des renseignements sur les permis de visite, tapez 1. Vous souhaitez joindre le parloir, tapez 2”. Je retape 1. “Bonjour, vous ĂȘtes en communication avec le centre pĂ©nitentiaire de Fresnes. Votre appel est en attente, veuillez ne pas quitter” », rĂ©cite la mĂšre d’un dĂ©tenu. Attente. Le poste demandĂ© ne rĂ©pond pas. Retour au standard. Composez le 1 pour un autre poste, le 9 pour la boite vocale ou le 0 pour le standard. Au 9, impossible de laisser un message. Bienvenue au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes
 Et c’est reparti ! Je raccroche. » Comme dans la plupart des prisons, le rendez-vous pour le premier parloir doit impĂ©rativement ĂȘtre pris par tĂ©lĂ©phone. Et la ligne de rĂ©servation n’est ouverte que pendant deux heures, trois jours par semaine. J’ai appelĂ© pendant deux jours, sans arrĂȘt. Personne au bout du fil. Le troisiĂšme jour, j’ai eu quelqu’un qui m’a dit que les permis n’étaient pas arrivĂ©s », tĂ©moigne la mĂšre d’un dĂ©tenu rĂ©cemment transfĂ©rĂ© Ă  Fresnes. On m’a dit de tĂ©lĂ©phoner Ă  la prison d’oĂč il venait pour demander le transfert des permis. Au final, ça a pris une dizaine de jours pour que j’aie un parloir. » La compagne d’un autre raconte Un matin, j’ai pris mon fixe, mon tĂ©lĂ©phone du boulot et mon portable, pour appeler avec plusieurs tĂ©lĂ©phones en mĂȘme temps. A huit heures trente, je commence. Au bout de dix minutes, ça coupe. Je rappelle. Ça sonne occupĂ©. J’entame un double appel pour augmenter mes chances. Au bout d’une heure et demie j’ai rĂ©ussi Ă  avoir quelqu’un. » Une visiteuse aguerrie conseille Il faut appeler le numĂ©ro d’un autre secteur de la prison, et demander Ă  la personne de vous transfĂ©rer au service des parloirs. Ça va plus vite. » A l’issue du premier parloir, une carte est remise au visiteur, qui pourra ensuite prendre des rendez-vous pour les quinze jours suivants Ă  la borne Ă©lectronique situĂ©e Ă  l’entrĂ©e de la maison d’arrĂȘt. Presque une journĂ©e pour 30 minutes de parloir » Du lundi au vendredi, les visites ont lieu Ă  14h ou 15h30, pour une durĂ©e de 45 minutes. Le samedi, les quatre sessions de parloirs sont rĂ©duites Ă  30 minutes, entre 9h et 15h. Entre le temps de transport, d’attente avant et aprĂšs la visite, et les horaires en semaine, une compagne de dĂ©tenu explique la difficultĂ© de concilier un emploi et le parloir. Je m’y rends en voiture, il me faut une heure mais je pars toujours en avance, au cas oĂč il y aurait un problĂšme sur la route. Il faut prĂ©voir presque une journĂ©e. » Une autre prend les transports en commun avec ses deux enfants. Trois bus diffĂ©rents, je mets environ une heure trente pour venir, autant pour rentrer. » Les visiteurs doivent se prĂ©senter Ă  l’entrĂ©e 45 minutes avant le dĂ©but du parloir pour les diffĂ©rents contrĂŽles. Les personnes arrivĂ©es en avance peuvent attendre dans un local gĂ©rĂ© par l’association d’accueil des familles ADFA. C’est accessible pour mon mari handicapĂ©, il y a une salle de jeux pour les enfants. Eau, cafĂ©, gĂąteaux, gentillesse et conseils aux nouveaux visiteurs », raconte la mĂšre d’un dĂ©tenu. L’association fournit des informations sur la rĂ©glementation des parloirs, des sacs pour le linge, fait la monnaie pour les casiers, assure la garde des enfants, prĂȘte des vĂȘtements ou chaussures de rechange si on sonne au portique
 Mais au mois d’aoĂ»t, ce lieu est fermĂ© et rien n’est prĂ©vu en remplacement. D’attente en attente Le parcours vers les parloirs commence dans une grande salle avec des bancs et des casiers pour dĂ©poser ses affaires. LĂ , l’atmosphĂšre change », confie une mĂšre, beaucoup de monde, beaucoup de tensions ». En fonction des surveillants, l’accueil peut ĂȘtre correct » ou glacial ». Il faut traverser un sas fermĂ© avec des sortes d’hygiaphones pour parler aux surveillants qui contrĂŽlent les sacs de linge et les piĂšces d’identitĂ© ». Ensuite, les visiteurs passent un par un sous le portique de dĂ©tection de mĂ©taux. Puis on attend Ă  nouveau dans un couloir, et les familles entrent petit Ă  petit. Les surveillants contrĂŽlent les piĂšces d’identitĂ© et vous remettent le permis de visite. » Vient une seconde salle d’attente, de 15 mĂštres sur 15, sans aĂ©ration, avec des petites fenĂȘtres en hauteur, d’une capacitĂ© de soixante personnes environ. Il y a Ă©normĂ©ment de gens qui parlent en mĂȘme temps », dit la compagne d’un dĂ©tenu. Par les ouvertures, on ne voit que des murs. » Une autre visiteuse tempĂšre C’est plus avec l’attente que j’ai du mal, c’est lourd. » A 13h45 la porte s’ouvre et les visiteurs accĂšdent au couloir menant aux trois divisions. Il est trĂšs, trĂšs long. On a l’impression d’ĂȘtre dans un couloir de mĂ©tro. » Une fois arrivĂ©s en division, vers 13h55, ils nous enferment dans le parloir et nous attendons que les dĂ©tenus arrivent ». Soit plus d’une heure aprĂšs l’arrivĂ©e des visiteurs. Du cĂŽtĂ© des dĂ©tenus, un ancien prisonnier de Fresnes tĂ©moigne Nous descendons au rez-de-chaussĂ©e, oĂč un surveillant pointe notre arrivĂ©e et reçoit les paquets de linge sale. Il indique Ă  chacun quel sera son numĂ©ro de cabine et l’envoie en salle d’attente, hormis les isolĂ©s et certains des travailleurs qui poireautent dans des espĂšces de placards vitrĂ©s trĂšs exigus. » La fin du parloir est annoncĂ©e par un surveillant d’une voix forte, et commence l’ouverture des portes de notre cĂŽtĂ©. Les visiteurs eux, restent sur place, toujours enfermĂ©s. Les dĂ©tenus ressortent, plus ou moins vite. Beaucoup essaient de grappiller quelques minutes, quelques secondes de plus avec les leurs. » Les familles reprennent ensuite le parcours inverse jusqu’à la sortie, une demi-heure aprĂšs la fin du parloir. Des parloirs minuscules, sales, avec dispositif de sĂ©paration Les parloirs se dĂ©roulent dans des boxes avec dispositif de sĂ©paration », Ă  savoir concrĂštement un muret entre la personne dĂ©tenue et son visiteur. Le principe du parloir sans dispositif de sĂ©paration est pourtant la norme depuis une circulaire de
 mars 1983. Une note de la direction de l’administration pĂ©nitentiaire l’a rappelĂ© en mai 2014, ordonnant la destruction des murets subsistant » dans certains Ă©tablissements. En outre Ă  Fresnes, il n’y a pas de fenĂȘtre, les parloirs ne sont ni aĂ©rĂ©s ni ventilĂ©s » Agence rĂ©gionale de santĂ©, 2007. Le manque d’hygiĂšne est source d’inquiĂ©tude pour nombre de visiteurs. Le muret de sĂ©paration, je n’ai jamais vu ça, il est poisseux. Vous vous rendez compte qu’on y va avec des enfants ? » Pour la compagne d’un dĂ©tenu, les couloirs ça va, les salles d’attente c’est dĂ©gueulasse, ça sent l’humiditĂ© et le chlore, on dirait des caves ». Dans un courrier Ă  l’OIP, un proche de dĂ©tenu raconte L’autre jour, il y avait une fuite d’eau, ça suintait, et il y avait une dame dans le parloir du fond oĂč le sol Ă©tait inondĂ©. Alors qu’il y avait d’autres boxes libres. » Quand les visiteurs se plaignent, l’administration leur rĂ©torque que le mĂ©nage est fait. Et indique, dans son rapport d’activitĂ© 2013 que l’entretien rĂ©gulier par la remise en peinture des parloirs familles, plus particuliĂšre en ce qui concerne les cabines abĂźmĂ©es, favorise les conditions de rencontre des personnes dĂ©tenues avec leurs proches ». Un point de vue non partagĂ© par les nombreux visiteurs qui adressent leurs plaintes Ă  l’OIP. En seconde division, les parloirs sont pourris. Pas d’autre mot pour dĂ©crire leur Ă©tat. Ça pue l’urine de rat. Il y a des mouches Ă©normes, la peinture s’écaille et se colle sur nous. MĂȘme un cochon doit avoir une meilleure porcherie. Ils disent qu’on peut venir Ă  trois mais moi qui y vais avec mon fils nous n’avons pas de place, et je n’ai pas le droit de prendre des jouets pour l’aider Ă  patienter. » Les cabines sont effectivement trĂšs petites Ă  peine plus de 2 mÂČ, et scindĂ©es en deux par le muret de sĂ©paration recouvert d’une tablette de bois, dont les cicatrices prouvent qu’elle a beaucoup vĂ©cu, et sur laquelle on peut poser les coudes quand on est assis de part et d’autre », dĂ©crit un ancien dĂ©tenu. Pour vous donner une idĂ©e de la largeur du box, si vous mettez votre Ă©paule droite contre le mur, vous ne pouvez pas Ă©tendre complĂštement votre bras gauche. Vous avez tout juste la place de vous asseoir. Mon tabouret touche la porte de derriĂšre et mes pieds sont contre le muret qui me sĂ©pare de mon mari. Lui, sa partie est encore plus petite, et comme il est grand il doit s’asseoir en biais », tĂ©moigne la femme d’un dĂ©tenu. Jamais l’impression d’ĂȘtre seuls ensemble Au parloir, c’est sonore. On entend tout et on voit ce qui se passe dans les autres cabines, Ă  travers les portes vitrĂ©es. » Les dĂ©tenus et leurs visiteurs n’ont aucune intimitĂ©, les surveillants circulant derriĂšre les portes vitrĂ©es des cabines. Ils s’arrĂȘtent et regardent de gauche Ă  droite. On a toujours l’impression qu’ils nous soupçonnent de quelque chose. » L’autre jour, j’ai entendu une femme d’un box Ă  cĂŽtĂ© se mettre en colĂšre vis-Ă -vis d’un gardien qui les regardait avec insistance », raconte la mĂšre d’un dĂ©tenu. C’est vrai qu’ils font leur boulot, mais ce n’est pas trĂšs digne, et on n’est jamais tranquilles, on n’a jamais l’impression d’ĂȘtre seuls ensemble. » La maison d’arrĂȘt de Fresnes fait en effet partie des nombreuses prisons 162 sur 190 n’étant toujours pas dotĂ©es de parloirs familiaux permettant les visites Ă  l’abri du regard d’autrui et dans des conditions respectant l’intimitĂ©. Au-delĂ  du malaise liĂ© Ă  la surveillance constante, les proches de dĂ©tenus se plaignent du fait que les surveillants parlent entre eux dans les couloirs. Pendant la coupe du monde ils n’ont pas arrĂȘtĂ© de scander des chants de foot pendant les trois quarts d’heure du parloir, on avait du mal Ă  se concentrer ». Des chaussures et soutiens-gorges ne passent pas le portique Les dispositifs de contrĂŽle confinent parfois Ă  l’absurde. Le portique, ça sonne beaucoup trop », explique une visiteuse. J’ai essayĂ© plein de chaussures diffĂ©rentes pour trouver une paire qui ne sonne pas et les garder une fois pour toutes, mais ça sonne encore rĂ©guliĂšrement. Et pour le soutien-gorge c’est pareil. On vous demande d’aller aux toilettes pour l’enlever. AprĂšs, il faut se promener avec son soutif Ă  la main devant les autres, pour aller le mettre dans le casier. » HabituĂ©e du parloir, une femme Ă©voque les fouilles policiĂšres Pour les familles, tous les six mois Ă  peu prĂšs il y a une fouille avec un chien. S’il s’arrĂȘte devant vous, on vous emmĂšne pour une fouille par palpation. » Pour les dĂ©tenus, les fouilles Ă  nu aprĂšs le parloir sont source de tensions constantes, alors qu’elles ne doivent plus ĂȘtre systĂ©matiques depuis 2009. Dans son rapport d’activitĂ©, la direction indique que la question des fouilles intĂ©grales des personnes dĂ©tenues a fait l’objet d’une rĂ©forme profonde » et que depuis le 1er juillet 2013, il n’est plus procĂ©dĂ© Ă  des fouilles intĂ©grales systĂ©matiques de l’ensemble des personnes dĂ©tenues Ă  l’issue des parloirs ». Pendant plus d’un an, la direction a ignorĂ© une dĂ©cision du tribunal administratif de Melun ayant dĂ©clarĂ© illĂ©gales les pratiques de fouille Ă  nu Ă  Fresnes. Si la mesure semble ne plus ĂȘtre appliquĂ©e systĂ©matiquement, les plaintes continuent d’affluer Ă  l’OIP Une seule fois en un an, avec trois parloirs par semaine, mon mari n’a pas eu de fouille Ă  nu. » Dans les autres prisons, on vous autorise de grands sacs pour le linge » La question du linge revĂȘt une importance particuliĂšre dans les propos des familles. Les visiteurs dĂ©posent le linge propre en arrivant au parloir, et rĂ©cupĂšrent celui Ă  laver Ă  l’issue du parloir. PremiĂšre source de rĂ©criminations l’absence d’informations claires sur ce qui est autorisĂ© et interdit. Les consignes changent d’un surveillant Ă  l’autre », explique une jeune femme, on repart souvent avec du linge refusĂ©. » La note d’information aux familles du rĂšglement intĂ©rieur ne donne aucune indication sur le nombre de vĂȘtements qu’elles peuvent dĂ©poser. Il est juste prĂ©cisĂ© que sont autorisĂ©s le linge de corps, de toilette, et des vĂȘtements divers vestes, pantalons, survĂȘtements, blousons, etc. ». A Fleury, on vous donne une liste oĂč est spĂ©cifiĂ©e, par type de vĂȘtement, la quantitĂ© autorisĂ©e. LĂ , selon le surveillant, on me laisse entrer parfois une seule serviette, parfois trois. » Des serviettes de toilette dont la taille maximum autorisĂ©e est de 1,20 mĂštre Ă  Fresnes, 1,30 m Ă  Osny et 1,50 Ă  Bois d’Arcy
 La taille des sacs plastique pour le linge, non prĂ©cisĂ©e dans le rĂšglement intĂ©rieur, fait Ă©galement l’objet de plaintes. Dans les autres prisons, on vous autorise de grands sacs fermĂ©s pour amener du linge. Ici, ce sont des petits sacs ouverts » qui, selon le rĂšglement intĂ©rieur, ne doivent pas ĂȘtre trop remplis » afin d’éviter la perte de linge ». Vous ramenez quoi ? Deux pantalons, un short et une serviette, c’est tout. Et ils empilent les sacs. Difficile de se dire que vous mettez du temps Ă  plier les vĂȘtements, les ranger pour qu’ils gardent l’odeur de chez vous, vous mettez du parfum, puis vous voyez les surveillants tout dĂ©baller, fouiller et remettre tout n’importe comment dans le sac. Le dĂ©tenu les rĂ©cupĂšre comme si c’était du linge sale. Et si les sacs se renversent, les fringues peuvent se retrouver chez un autre. A Fleury, vous signez la liste des vĂȘtements, et le dĂ©tenu Ă©galement », raconte la compagne d’un dĂ©tenu. Ici, rien. » Par François BĂšs, OIP-SF 167 000 visiteurs Ă  Fresnes en 2013 InaugurĂ©e en juillet 1898, la maison d’arrĂȘt de Fresnes vient d’entrer dans sa 116Ăšme annĂ©e. PrĂšs d’un million de personnes y ont Ă©tĂ© dĂ©tenues depuis son ouverture. Six mille personnes y entrent chaque annĂ©e. La surpopulation y est endĂ©mique. Au 1er juillet 2014, 2 368 personnes pour 1 404 places Ă©taient dĂ©tenues dans le quartier maison d’arrĂȘt. Ce surencombrement pose des difficultĂ©s tant au niveau des conditions matĂ©rielles de dĂ©tention les personnes dĂ©tenues peuvent ĂȘtre jusqu’à trois dans des cellules de 9 mÂČ qu’au niveau de l’accĂšs au parloir, aux activitĂ©s socioculturelles et sportives, au travail, Ă  la formation, Ă  l’enseignement et aux soins somatiques et psychiatriques en dĂ©tention » rapport d’activitĂ© 2013. Les visites au parloir s’y organisent tant bien que mal. En 2013, 167 447 visiteurs » se sont rendus Ă  Fresnes, pour 66 979 rendez-vous au parloir. Selon les jours, ce service peut accueillir de 200 Ă  250 personnes venant visiter les personnes dĂ©tenues » rapport d’activitĂ© 2013. La DAP somme les directeurs d’appliquer l’interdiction des murets aux parloirs D’une hauteur de 80 cm environ, ils se dressent entre le dĂ©tenu et son visiteur. Les murets sont pourtant interdits dans les parloirs des prisons depuis une circulaire de mars 1983. Leur existence est en contradiction avec l’article du code de procĂ©dure pĂ©nale » pris en application de la loi pĂ©nitentiaire de 2009, rappelle la direction de l’administration pĂ©nitentiaire DAP dans une note de mai 2014. Et de citer une circulaire de fĂ©vrier 2012, indiquant que les visites se dĂ©roulent dans un parloir qui ne doit comporter aucun dispositif de sĂ©paration » et que les personnes visitĂ©es doivent pouvoir, par exemple, Ă©treindre leurs visiteurs ». Des textes de 1983, 2009 et 2012
 qui ne sont toujours pas appliquĂ©s dans l’ensemble des prisons. A Tours, Bois-d’Arcy ou Fresnes, la destruction des murets n’a jamais eu lieu. Ces dispositifs de sĂ©paration ont mĂȘme Ă©tĂ© mis en place dans des Ă©tablissements construits aprĂšs la circulaire de 1983 par exemple Laon et Bapaume 1990, Toulouse-Seysses 2003 ou Lille-Sequedin 2007. Dans sa nouvelle note, la DAP somme les directeurs d’assurer sans dĂ©lai le respect des dispositions rĂ©glementaires, soit en dĂ©truisant les dispositifs de sĂ©paration », soit si la destruction n’est pas possible rapidement pour des raisons d’ordre architectural », en autorisant que ces murets soient franchis ». Elle rĂ©pond ainsi Ă  une source d’incidents rĂ©currents il arrive que dĂ©tenus ou visiteurs enjambent le muret, ou s’assoient dessus. Si une certaine tolĂ©rance des surveillants est parfois observĂ©e, ce n’est pas toujours le cas. Familles ou dĂ©tenus se plaignent parfois de rappels Ă  l’ordre, voire de poursuites disciplinaires et de suspensions de permis de visite en cas de franchissement du muret. La logique voudrait d’ailleurs que ces procĂ©dures ou suspensions de permis soient annulĂ©es, Ă  l’heure oĂč la DAP rappelle l’importance du maintien des liens familiaux, un droit pour toutes les personnes dĂ©tenues rĂ©affirmĂ© par la loi de 2009 ». Note DAP du 21 mai 2014, Destruction ou autorisation du franchissement des murets subsistant dans les parloirs »

Lamaison darrĂȘt de Nanterre est lune des maisons darrĂȘt les plus importantes de France en termes de capacitĂ© – 592 places thĂ©oriques – et doccupation – 1 035 personnes hĂ©bergĂ©es lors de la visite – avec un taux doccupation de 175 %, en nette hausse par rapport au prĂ©cĂ©dent La demande se fait au directeur d’établissement. Quels sont les documents Ă  joindre Ă  la demande ? – Une photocopie de la piĂšce d’identitĂ© recto verso, – Deux photographies d’identitĂ© identiques. Parfois, des documents annexes seront demandĂ©s, tels qu’une photocopie du livret de famille, une quittance de loyer au nom des deux concubins, photocopie de l’acte de mariage, ceci afin de prouver le lien de parentĂ©. Contacts utiles Maison d’arrĂȘt La santĂ© TĂ©l. Maison d’arrĂȘt de Nanterre TĂ©l. Maison d’arrĂȘt de Fleury-MĂ©rogis TĂ©l. Maison d’arrĂȘt de Fresnes TĂ©l. Seconde Ă©tape TĂ©lĂ©phoner au service parloirs Pour rendre visite au dĂ©tenu, il faut prendre rendez-vous au service parloirs. Maison d’arrĂȘt La SantĂ© TĂ©l. du mercredi au samedi de 8h30 Ă  11h et de 13h Ă  16h. Maison d’arrĂȘt de Nanterre TĂ©l. ou du lundi au vendredi de 9h00 Ă  11h00 et de 14h00 Ă  16h00 hors jours fĂ©riĂ©s. Maison d’arrĂȘt de Fleury-Merogis RĂ©servation parloir maison d’arrĂȘt des hommes TĂ©l. 0 820 320786 Maison d’arrĂȘt de Fresnes TĂ©l. du lundi au vendredi de 8h30 Ă  11h30 et de 13h30 Ă  16h. Ce que l’on peut amener aux dĂ©tenusChaque maison d’arrĂȘt a un rĂšglement intĂ©rieur qui lui est propre, en consĂ©quence il faut se renseigner auprĂšs de l’établissement pĂ©nitentiaire concernĂ© sur ce qui est autorisĂ© A titre d’exemple A la maison d’arrĂȘt de la SantĂ© Pour les personnes n’ayant pas de permis de visite – Colis de linge Ă  dĂ©poser une fois par semaine entre 8h et 11h les jours de parloirs du mercredi au samedi. Pour les personnes ayant un permis de visite – Colis de linge une fois par semaine Ă  l’occasion d’un parloir famille. Le colis de linge est placĂ© dans un sac en plastique sur lequel est prĂ©cisĂ© le nom du dĂ©tenu, son numĂ©ro d’écrou et son numĂ©ro de cellule. Sont interdis – Casquette, – Ceinture, – Serviette de plus d’1 mĂštre 50, – Les nĂ©cessaires de toilettes, – Les vĂȘtements de couleur bleu marine, marron et kaki, – Les vĂȘtements en cuir, – Les aliments, les boissons, cigarettes et tout autre objet. A la maison d’arrĂȘt de Nanterre VĂȘtements – 7 T-shirts – 7 slips/caleçons, – 7 paires de chaussettes, – 2 pulls, – 1 blouson, – 2 pantalons, – 1 survĂȘtements, – 1 pyjama, – 1 paire de chaussons tongs tolĂ©rĂ©es, – 3 livres Ă  couverture souple pas de magasine, – 1 bonnet, – 1 paire de gants, – 2 serviettes de toilettes, – 2 gants de toilettes, – 3 torchons. DenrĂ©es alimentaires Uniquement pour la pĂ©riode de noĂ«l mi-dĂ©cembre Ă  mi-janvier, panier d’un poids de 5 kilos possibilitĂ© d’amener en deux fois, parmi une liste donnĂ©e par le service des parloirs. A la maison d’arrĂȘt de Fleury-MĂ©rogis Limite Ă  un dĂ©pĂŽt par semaine VĂȘtements – 8 maillots de corps ou tee-shirts manches courtes, – 8 slips ou Caleçons, – 8 paires de chaussettes, – 8 chemises bleues ou kaki interdites, – 8 pantalons bleus ou kakis interdits, – 1 survĂȘtement, – 3 shorts, – 2 pyjamas, – 1 k-way ou impermĂ©able, – 1 veste, Anorak, Blouson sauf cuir et couleur bleue, – 2 pulls ou Sweats manches longues, – 1 bonnet, – 1 calotte ou Casquette, Autres objets – 5 livres Ă  couverture souple revues et BD interdites, – 2 Torchons, – 1 paire de gants de laine, – 1 Ă©charpe courte, – 6 mouchoirs en tissu, – 2 serviettes de table, – 2 gants de toilette, – 2 serviettes de toilette, – 1 drap de bain, – 1 paire de chaussures de ville ne sonnant pas, – 1 paire de chaussures de sport, – 1 paire de pantoufles, – 1 paire de claquettes. Sont interdits – DenrĂ©es alimentaires, cigarettes, argent et tout autre objet. A la maison d’arrĂȘt de Fresnes – VĂȘtements contenus dans un sac plastique. Interdictions – VĂȘtements de couleurs bleues, kaki ou vĂȘtements en cuir. – Serviette de toilette de taille supĂ©rieure Ă  1m20, – DenrĂ©es alimentaires, cigarettes. ReportageParis, 20 septembre 2016. Maison d'arrĂȘt de Fresnes. Visite du garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas et prĂ©sentation de son rapport sur l'encellulement individuel. 31
14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 ContrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ© Recommandations en urgence du 18 novembre 2016 du ContrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ© relatives Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes Val-de-Marne NOR CPLX1636077X L’article 9 de la loi du 30 octobre 2007 instituant un ContrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des lieux de privation de libertĂ© CGLPL permet Ă  cette autoritĂ©, lorsqu’elle constate une violation grave des droits fondamentaux des personnes privĂ©es de libertĂ©, de communiquer sans dĂ©lai aux autoritĂ©s compĂ©tentes ses observations, de leur impartir un dĂ©lai pour y rĂ©pondre et, Ă  l’issue de ce dĂ©lai, de constater s’il a Ă©tĂ© mis In Ă  la violation signalĂ©e. S’il l’estime nĂ©cessaire, le CGLPL rend immĂ©diatement public le contenu de ses observations et des rĂ©ponses reçues. Les prĂ©sentes recommandations ont Ă©tĂ© adressĂ©es au garde des sceaux, ministre de la justice. Un dĂ©lai de trois semaines lui a Ă©tĂ© imparti pour faire connaĂźtre ses observations. La rĂ©ponse reçue au terme de ce dĂ©lai est ci-aprĂšs reproduite. La visite de la maison d’arrĂȘt des hommes, dĂ©nommĂ©e grand quartier », du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes, effectuĂ©e par douze contrĂŽleurs du 3 au 14 octobre 2016 a donnĂ© lieu au constat d’un nombre important de dysfonctionnements graves qui permettent de considĂ©rer que les conditions de vie des personnes dĂ©tenues constituent un traitement inhumain ou dĂ©gradant au sens de l’article 3 de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme. Cette situation semble ĂȘtre le rĂ©sultat d’une Ă©volution relativement rĂ©cente, dans la mesure oĂč la visite du mĂȘme Ă©tablissement, rĂ©alisĂ©e en janvier 2012, n’avait pas conduit le CGLPL Ă  des constats comparables. surpopulation, cumulĂ©e Ă  l’état des locaux et au manque d’effectifs, ne permet pas une prise en charge respectueuse des droits fondamentaux des personnes dĂ©tenues niveau inacceptable de la surpopulation pĂ©nale entraĂźne des conditions d’hĂ©bergement indignes Si l’on observe l’évolution de la population pĂ©nale hĂ©bergĂ©e dans l’ensemble du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes sur une pĂ©riode de dix ans, la dĂ©gradation de la situation apparaĂźt de maniĂšre Ă©vidente et massive 2006 1 960 2007 2 275 2008 2 259 2009 2 265 2010 2 396 2011 2 566 2 511 2012 2 612 2013 2 720 2014 2 769 2015 2 989 2016 Sur la pĂ©riode, l’augmentation de la population pĂ©nale est donc supĂ©rieure Ă  52 %. Pour la maison d’arrĂȘt des hommes, le taux d’occupation moyen est de 188 %, mais cette moyenne recouvre d’importantes disparitĂ©s. La maison d’arrĂȘt est organisĂ©e en trois bĂątiments, dĂ©nommĂ©s division », chacune d’elles ayant une vocation propre et les spĂ©ciIcitĂ©s qui s’y attachent. La premiĂšre division accueille le quartier des arrivants, le quartier d’isolement, l’unitĂ© dĂ©diĂ©e aux personnes dont l’infraction est liĂ©e Ă  une pratique radicale de l’islam ainsi que les lieux d’hĂ©bergement des personnes dĂ©tenues dont l’affaire a Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©e. Cette division hĂ©berge 614 personnes pour une capacitĂ© thĂ©orique de 386 places ; son taux d’occupation est donc de 159 %. La deuxiĂšme division, qui hĂ©berge des condamnĂ©s Ă  92 % dans une aile et des prĂ©venus Ă  plus de 70 % dans l’autre aile, compte 862 personnes dĂ©tenues pour une capacitĂ© thĂ©orique de 432 places ; son taux d’occupation est donc supĂ©rieur Ă  199 %. La troisiĂšme division hĂ©berge une proportion importante de personnes Ă©trangĂšres et les personnes dĂ©tenues qui travaillent en cellule ou en atelier ou qui suivent un enseignement ; elle compte 861 personnes dĂ©tenues pour une capacitĂ© thĂ©orique de 428 places ; son taux d’occupation est donc de 201 %. Les conditions d’encellulement se trouvent dĂšs lors trĂšs dĂ©gradĂ©es. Rappelons qu’à Fresnes toutes les cellules 2 sont Ă  peu prĂšs identiques. Ce sont des cellules individuelles, d’une taille voisine de 10 m . Pourtant on n’y trouve que 296 cellules occupĂ©es par une seule personne, 350 cellules occupĂ©es par deux personnes et 421 cellules occupĂ©es par trois personnes. DĂšs lors, c’est seulement 13 % environ de la population qui bĂ©nĂ©Icie d’un encellulement individuel, 31 % environ qui partage une cellule Ă  deux et prĂšs de 56 % qui vit Ă  trois dans une cellule. En troisiĂšme division, la moins bien lotie, seul un condamnĂ© sur huit est seul en cellule et plus de la moitiĂ© d’entre eux sont dans des cellules occupĂ©es par trois personnes ; prĂšs du tiers des prĂ©venus partagent leur cellule avec au moins un condamnĂ© ; la sĂ©paration des prĂ©venus et des condamnĂ©s n’est donc en aucune maniĂšre respectĂ©e. La hauteur sous plafond des cellules a permis d’éviter l’installation de matelas au sol en superposant trois lits. 2 NĂ©anmoins, dans des cellules dont la surface n’atteint pas 10 m , une fois dĂ©duite l’emprise des lits, des toilettes et 2 de la table, trois personnes doivent vivre dans un espace d’environ 6 m . Les toilettes, qui ne sont pas totalement isolĂ©es du reste de la piĂšce, le dĂ©labrement de l’immobilier et l’hygiĂšne dĂ©plorable rendent le conInement plus intolĂ©rable encore. 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 L’existence d’unitĂ©s ou de quartiers spĂ©ciIques qui permettent d’atteindre ponctuellement l’objectif d’encellulement individuel aggrave par ailleurs la promiscuitĂ© pour ceux qui ne relĂšvent pas de ces rĂ©gimes. Le CGLPL avait du reste soulignĂ© cette difIcultĂ© dans son avis du 7 juin 2016 relatif Ă  la prise en charge de la radicalisation islamiste en milieu carcĂ©ral 1. Cette situation est trĂšs en deçà des normes IxĂ©es par le ComitĂ© europĂ©en pour la prĂ©vention de la torture CPT, 2 qui prĂ©voient que les dĂ©tenus doivent bĂ©nĂ©Icier, hors espace sanitaire, de 6 m au moins pour une cellule 2 2 individuelle, 10 m pour deux et 14 m pour trois 2. La surpopulation n’est bien sĂ»r pas unique dans les Ă©tablissements pĂ©nitentiaires français, mais Ă  Fresnes, son caractĂšre massif et durable lui confĂšre un caractĂšre particuliĂšrement indigne. Dans le contexte d’une surpopulation pĂ©nale inacceptable au niveau national taux d’occupation global de er 117 % au 1 octobre 2016, de 140 % pour les seules maisons d’arrĂȘt, on ne peut tolĂ©rer qu’un Ă©tablissement subisse une charge totalement disproportionnĂ©e. MalgrĂ© les projets annoncĂ©s pour rĂ©sorber globalement la surpopulation pĂ©nale Ă  moyen terme, il est nĂ©cessaire que celle de Fresnes diminue rapidement de maniĂšre consĂ©quente. La suppression immĂ©diate des encellulements Ă  trois 421 cellules doit ĂȘtre la premiĂšre Ă©tape de cette rĂ©duction ; elle aurait pour effet de ramener la population dĂ©tenue Ă  Fresnes lĂ©gĂšrement au-dessus de son niveau de 2012. Bien entendu cette mesure urgente ne saurait sufIre Ă  rĂ©gler le problĂšme. locaux inadaptĂ©s et l’hygiĂšne dĂ©sastreuse prĂ©sentent des risques avĂ©rĂ©s pour la santĂ© des personnes dĂ©tenues et des surveillants Le bĂątiment, de conception trĂšs ancienne, n’a manifestement pas bĂ©nĂ©IciĂ© des investissements minimaux nĂ©cessaires aux exigences contemporaines et au respect de conditions d’hygiĂšne acceptables, fussent-elles sommaires. Outre l’exiguĂŻtĂ© dĂ©jĂ  mentionnĂ©e des locaux d’hĂ©bergement, l’espace consacrĂ© aux cours de promenade et aux parloirs est structurellement insufIsant. 2 Les parloirs sont constituĂ©s de boxes de 1,3 ou 1,5 m dans lesquels deux personnes ne peuvent se tenir assises face Ă  face qu’en croisant leurs jambes alors que, pourtant, on y installe de maniĂšre habituelle une personne dĂ©tenue et trois visiteurs et, le cas Ă©chĂ©ant, des enfants. L’absence d’aĂ©ration et l’accumulation de salpĂȘtre et de crasse sur les murs en font des lieux indignes, tant pour les personnes dĂ©tenues que pour leurs visiteurs. Le rapport du CGLPL de 2012 avait du reste soulignĂ© le caractĂšre inadaptĂ© des parloirs sous-dimensionnĂ©s, sans conIdentialitĂ© et sans aĂ©ration». Les cours de promenade sont exiguĂ«s et dĂ©pourvues de bancs et d’abris. En l’absence de toilettes, les personnes dĂ©tenues urinent dans des bouteilles qu’elles projettent ensuite par-dessus les murs. l n’est pas rare que l’on voie 2 plus de vingt-cinq personnes dans un espace d’environ 45 m . NĂ©anmoins, c’est l’état d’hygiĂšne dĂ©plorable de l’établissement qui constitue l’anomalie la plus grave, tant pour les personnes dĂ©tenues que pour le personnel. Les rats Ă©voluent en masse au pied des bĂątiments, dans les cours de promenade et aux abords des bĂątiments tout au long de la journĂ©e. ls ne s’effraient pas de la prĂ©sence d’ĂȘtres humains ; on ne peut Ă©viter de piĂ©tiner leurs excrĂ©ments ; ils sont prĂ©sents jusque dans la cour d’honneur de l’établissement. L’odeur persistante de leur pelage, de leurs excrĂ©ments et de leurs cadavres s’ajoute Ă  celle des amas d’ordures qui jonchent le pied des bĂątiments. Cette pollution contribue du reste elle-mĂȘme Ă  entretenir la prĂ©sence des rongeurs ; elle rĂ©sulte certes en partie d’actes d’incivilitĂ©, mais aussi d’autres facteurs tels que la promiscuitĂ© en cellule, l’absence de rĂ©frigĂ©rateurs ou la taille insufIsante des poubelles. Les mesures nĂ©cessaires pour prĂ©venir et traiter cette pollution ne sont pas prises. A l’intĂ©rieur des bĂątiments, les rats sont moins visibles mais leur prĂ©sence se manifeste sporadiquement ; selon plusieurs tĂ©moignages du personnel, un rat s’est introduit dans le lit d’un surveillant de permanence qui a dĂ» subir un traitement prĂ©ventif de la leptospirose et il arrive que l’on voie l’urine des rats s’écouler de faux plafonds. Des comportements adaptĂ©s » Ă  cette nuisance permanente se sont dĂ©veloppĂ©s les personnes dĂ©tenues ne s’asseyent plus au sol dans les cours de promenade, mais doivent se contenter de s’accroupir ou de s’adosser, et lorsqu’elles veulent jouer aux cartes, elles ne les posent pas par terre mais dans les mains d’un codĂ©tenu, qui servent de table de jeu. Ces conditions de vie sont indignes et portent directement atteinte Ă  la santĂ© des personnes, personnel et dĂ©tenus, en particulier lorsque ces derniers sont affectĂ©s Ă  un travail de nettoyage comme les auxiliaires abords » sans aucune prĂ©caution d’hygiĂšne et de sĂ©curitĂ© cette annĂ©e, deux cas graves de leptospirose liĂ©s Ă  la prĂ©sence des rats ont Ă©tĂ© signalĂ©s Ă  l’nstitut national de veille sanitaire. L’établissement est Ă©galement infestĂ© par les punaises de lit. Entre mars et octobre 2016, 281 cas ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s Ă  l’unitĂ© sanitaire, dont 63 % dans la troisiĂšme division, la plus surpeuplĂ©e. La promiscuitĂ©, 22 heures sur 24, dans les cellules accroĂźt la gravitĂ© de cette situation. Les contrĂŽleurs ont pu observer que de nombreuses personnes dĂ©tenues prĂ©sentaient de multiples traces de piqĂ»res. L’unitĂ© sanitaire considĂšre que les piqĂ»res des punaises sont Ă  l’origine d’environ 10 % des visites effectuĂ©es pour les soins somatiques. Comme la prĂ©sence des rats, celle de ces insectes porte donc Ă  la fois atteinte Ă  la dignitĂ© et Ă  la santĂ© des personnes dĂ©tenues et des professionnels prĂ©sents dans l’établissement. La prĂ©sence des rats et des punaises n’est ignorĂ©e ni de la direction, ni des autoritĂ©s de l’administration pĂ©nitentiaire, ni mĂȘme des partenaires de l’établissement. Elle a Ă©tĂ© clairement Ă©voquĂ©e le 10 mai 2016 lors du conseil d’évaluation de l’établissement 3. Pourtant, elle n’a pas Ă©tĂ© traitĂ©e par des mesures proportionnĂ©es au problĂšme les protocoles de dĂ©sinfection et de dĂ©ratisation mis en place par l’établissement sont ponctuels, partiels et inefIcaces, l’infection par les punaises a redoublĂ© en septembre et les rats sont plus que jamais prospĂšres. 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 Saisi Ă  plusieurs reprises par des personnes dĂ©tenues, le CGLPL a interrogĂ© la direction du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 2016. Celle-ci s’est contentĂ©e de mesures insufIsantes et de rĂ©ponses rhĂ©toriques dĂ©pourvues de tout lien avec la rĂ©alitĂ© qui a pu ĂȘtre observĂ©e quelques mois plus tard. A l’occasion d’un de ces Ă©changes, le chef d’établissement rĂ©pondait le 26 mai 2016 par une liste vague des diligences mises en Ɠuvre, qui n’incluait aucune mesure dĂ©fensive » ou systĂ©mique » notamment sur l’étanchĂ©itĂ© des rĂ©seaux d’assainissement et il concluait vous constaterez que la plupart des actions sont rĂ©alisĂ©es, ou en cours de rĂ©alisation. ĂŻl m’est fait Ă©tat que les actions entreprises ont eu pour effet de rĂ©duire la prĂ©sence de rongeurs de maniĂšre signiIcative. Des travaux importants demeurent Ă  prĂ©voir et doivent conforter l’inexion constatĂ©e. J’ai bon espoir qu’ils permettront de limiter ce phĂ©nomĂšne qui fait l’objet de mon attention et mobilise mes services.» Cette lettre, produite devant le tribunal administratif de Melun, saisi le 3 octobre 2016 par la section française de l’Observatoire international des prisons OP, semble avoir servi de fondement Ă  la dĂ©cision de la juridiction et emportĂ© sa conviction. La juridiction administrative prĂ©cise en effet dans sa dĂ©cision du 6 octobre 2016 que l’administration, en l’occurrence, dĂ©montre que la situation est en voie d’amĂ©lioration» et enjoint l’administration pĂ©nitentiaire de prendre dans les meilleurs dĂ©lais les mesures prĂ©vues. On peut cependant craindre que le respect de cette injonction ne soit pas de nature Ă  rĂ©soudre la difIcultĂ© rencontrĂ©e car les mesures prĂ©vues par l’administration ne semblent pas ĂȘtre d’une portĂ©e trĂšs diffĂ©rente de celles qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prises en vain. L’amĂ©lioration allĂ©guĂ©e en mai par le directeur du centre pĂ©nitentiaire n’est en rien conforme Ă  la rĂ©alitĂ© observĂ©e quatre mois plus tard. Le CGLPL ne peut donc que s’étonner que l’administration se soit prĂ©value de ce courrier devant un juge Ă  une date oĂč son caractĂšre irrĂ©aliste Ă©tait devenu Ă©vident. Le CGLPL estime que la situation observĂ©e Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes est comparable Ă  celles que la Cour europĂ©enne des droits de l’homme a considĂ©rĂ©es comme une violation de l’art. 3 de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme dans l’arrĂȘt Canali contre France du 25 avril 2013, qui indique que l’effet cumulĂ© de la promiscuitĂ© et des manquements relevĂ©s aux rĂšgles d’hygiĂšne a provoquĂ© chez le requĂ©rant des sentiments de dĂ©sespoir et d’infĂ©rioritĂ© propres Ă  l’humilier et Ă  le rabaisser. DĂšs lors, la Cour estime que ces conditions de dĂ©tention s’analysent en un traitement dĂ©gradant au sens de l’article 3 de la Convention.» Cette situation contrevient Ă©galement aux obligations que l’article 22 de la loi pĂ©nitentiaire du 24 novembre 2009 impose Ă  l’Etat L’administration pĂ©nitentiaire garantit Ă  toute personne dĂ©tenue le respect de sa dignitĂ© et de ses droits.» La rĂ©novation du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes constitue une urgence, notamment en ce qui concerne les locaux d’hĂ©bergement, les parloirs et les cours de promenade. Sans l’attendre, des mesures de dĂ©ratisation et de dĂ©sinsectisation d’une ampleur adaptĂ©e Ă  la situation, avec obligation de rĂ©sultat, doivent ĂȘtre mises en Ɠuvre immĂ©diatement. de l’effectif du personnel, de sa formation et de son encadrement rend impossible le respect des droits fondamentaux des personnes dĂ©tenues er Sur la base de l’état des effectifs prĂ©sents au 1 octobre 2016, l’établissement connaĂźt une insufIsance de personnel, au regard de son effectif thĂ©orique, pour tous les grades 6 directeurs prĂ©sents sur l’ensemble du centre pĂ©nitentiaire pour un effectif thĂ©orique de 8, soit – 25 % ; 18 ofIciers prĂ©sents Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes pour un effectif thĂ©orique de 26, soit – 30 % ; 676 surveillants et gradĂ©s prĂ©sents Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes pour un effectif thĂ©orique de 703, soit – 4 %. Par rapport Ă  la situation de 2012, la dĂ©gradation observĂ©e est signiIcative l’effectif des surveillants et gradĂ©s est quasi stable alors que celui de la population incarcĂ©rĂ©e a augmentĂ© de prĂšs de 20 % sur la pĂ©riode. En revanche, l’effectif de l’encadrement, directeurs et ofIciers, a connu une baisse trĂšs signiIcative qui n’est pas sans consĂ©quence sur la prise en charge de la population pĂ©nale. MalgrĂ© la duretĂ© des conditions de travail, l’absentĂ©isme, paradoxalement, est faible. Les contrĂŽleurs ont Ă©tĂ© en permanence tĂ©moins du travail effrĂ©nĂ© des surveillants soumis Ă  une pression constante qui les empĂȘche de faire face Ă  leur programme et aux multiples sollicitations des personnes dĂ©tenues. Le simple fait d’ouvrir et fermer les portes, sans mĂȘme attendre qu’une personne dĂ©tenue mette quelques secondes Ă  sortir, ce qui est pourtant inĂ©vitable, ne peut durer moins de vingt-cinq minutes pour la cinquantaine de cellules dont un surveillant est chargĂ©. La faible expĂ©rience de la majoritĂ© des surveillants aggrave encore la difIcultĂ© de leur tĂąche. La direction, qui ne dispose pas de statistiques prĂ©cises sur ce point, estime Ă  70 % environ la proportion des stagiaires dans son personnel. Les contrĂŽleurs se sont notamment livrĂ©s Ă  l’analyse dĂ©taillĂ©e des tĂąches qui incombent chaque matin aux surveillants dĂ©tage. De cette analyse il rĂ©sulte qu’il est matĂ©riellement impossible pour ces derniers d’effectuer les mouvements nĂ©cessaires en totalitĂ© dans un temps permettant aux personnes dĂ©tenues de bĂ©nĂ©Icier des activitĂ©s ou des soins prĂ©vus pour elles car le surveillant qui en a la charge n’est pas en mesure d’effectuer les mouvements et moins encore de rĂ©pondre aux demandes. Le respect des droits fondamentaux tels que les droits aux soins, au travail, au respect des liens familiaux, Ă  l’enseignement, etc., est donc structurellement impossible. l est du reste inĂ©vitable qu’il en soit ainsi lorsqu’un surveillant seul se trouve en situation de prendre en charge environ 120 personnes dĂ©tenues, situation courante Ă  Fresnes que l’on ne rencontre dans aucun autre Ă©tablissement. 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 Le personnel de surveillance et d’encadrement du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes doit ĂȘtre rapidement renforcĂ© par des agents expĂ©rimentĂ©s. L’effectif des surveillants doit impĂ©rativement ĂȘtre adaptĂ© Ă  celui de la population pĂ©nale et Ă  la rĂ©alitĂ© des tĂąches Ă  accomplir. faiblesse du pilotage de l’établissement laisse se dĂ©velopper des pratiques attentatoires aux droits fondamentaux des personnes dĂ©tenues La dĂ©gradation des conditions de dĂ©tention au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes entre la visite de 2012 et celle de 2016 est manifeste. Elle repose notamment sur les causes objectives que l’on a soulignĂ©es l’accroissement de la surpopulation, la baisse de l’effectif du personnel et le vieillissement du bĂątiment. Le fonctionnement actuel de l’établissement semble cependant ĂȘtre Ă©galement la consĂ©quence d’un poids insufIsant de la direction. L’établissement est historiquement marquĂ© par une conception particuliĂšrement rigide de la discipline adaptĂ©e Ă  la gestion du trĂšs grand nombre de personnes dĂ©tenues. En 2012, le CGLPL n’avait pas Ă©mis de critique sur cette discipline, plutĂŽt considĂ©rĂ©e comme un facteur de sĂ©curitĂ© pour les personnes dĂ©tenues. En 2016, les difIcultĂ©s d’effectif de l’établissement, la faible expĂ©rience d’une part importante du personnel et l’insufIsance de l’encadrement ont profondĂ©ment modiIĂ© le caractĂšre de cette discipline. Autrefois objective et ferme, elle est devenue illisible et brutale. climat de tension permanente suscite un usage banalisĂ© de la force et des violences Les contrĂŽleurs ont reçu de nombreux tĂ©moignages, tant de la part de personnes dĂ©tenues que de la part de professionnels, faisant Ă©tat d’un usage banalisĂ© et immĂ©diat de la force sans que la nĂ©cessitĂ© de son utilisation soit toujours avĂ©rĂ©e et sans que des mesures tendant Ă  l’éviter aient Ă©tĂ© prises prĂ©alablement. Dans d’autres Ă©tablissements, le recours Ă  la force est, le plus souvent, prĂ©cĂ©dĂ© de mesures progressives destinĂ©es Ă  ramener le calme et Ă  n’utiliser la force qu’en dernier recours intervention d’un tiers Ă  l’incident initial, souvent choisi dans la hiĂ©rarchie premier surveillant ou ofIcier, puis utilisation de la force de maniĂšre Ă  la limiter Ă  ce qui est strictement nĂ©cessaire et, en tous cas, en veillant Ă  ce que la proportionnalitĂ© soit respectĂ©e entre le niveau de violence de la personne dĂ©tenue et les moyens employĂ©s pour la faire cesser. A la maison d’arrĂȘt des hommes du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes, ces pratiques ne semblent pas avoir cours. De nombreux tĂ©moignages et des constats directs des contrĂŽleurs ont montrĂ© que l’alerte Ă©tait donnĂ©e dĂšs le premier signe d’opposition d’une personne dĂ©tenue ; que dans ce cas les surveillants se prĂ©cipitaient, dans des conditions ne garantissant pas le caractĂšre strictement nĂ©cessaire » de la force employĂ©e, notamment quant au nombre des intervenants ; qu’en consĂ©quence la proportionnalitĂ© de la rĂ©action, qui seule permet de distinguer la force lĂ©gitime de la violence abusive, n’était pas respectĂ©e. Ainsi, l’observation directe d’une situation par un contrĂŽleur et sa vĂ©riIcation le lendemain Ă  partir d’images de vidĂ©osurveillance a montrĂ© que, face Ă  un blocage » 4 sans violence, l’alarme avait Ă©tĂ© immĂ©diatement dĂ©clenchĂ©e et la personne dĂ©tenue immĂ©diatement maĂźtrisĂ©e par la force, puis conduite au quartier disciplinaire dans une position douloureuse, les bras relevĂ©s et tendus dans le dos, alors mĂȘme qu’elle ne se dĂ©battait pas. Un coup de pied lui a Ă©tĂ© assĂ©nĂ© alors qu’elle Ă©tait immobilisĂ©e. Le lendemain, la comparaison du compte rendu d’incident et de la vidĂ©osurveillance montrait des divergences importantes le compte rendu faisait Ă©tat d’une bousculade d’un surveillant par la personne dĂ©tenue alors que les images ne conIrmaient pas cette information ; de mĂȘme le compte rendu d’incident faisait Ă©tat de l’emploi d’une force physique strictement nĂ©cessaire », alors mĂȘme que plusieurs tĂ©moins l’avaient considĂ©rĂ©e comme Ă©tant disproportionnĂ©e. Un intervenant, prĂ©sent Ă  temps complet dans l’établissement, a indiquĂ© qu’une telle scĂšne Ă©tait habituelle ». Des actes de violence de la part de certains membres du personnel ont Ă©galement Ă©tĂ© rapportĂ©s au cours de plus de dix pour cent des 190 entretiens conIdentiels que les contrĂŽleurs ont effectuĂ©s pendant les deux semaines de visite. Des entretiens avec des professionnels, y compris parmi le personnel de surveillance, l’ont conIrmĂ©. La frĂ©quence avec laquelle des violences sont allĂ©guĂ©es est telle qu’il est impossible de douter de leur rĂ©alitĂ©. Les violences entre personnes dĂ©tenues sont frĂ©quentes. Le personnel de l’unitĂ© sanitaire tĂ©moigne d’une augmentation des traumatismes physiques liĂ©s Ă  l’augmentation de la population pĂ©nale. Des zones de risque sont clairement identiIĂ©es les douches dans lesquelles les personnes dĂ©tenues sont enfermĂ©es sans surveillance, les salles d’attente oĂč rĂšgnent saletĂ© et promiscuitĂ©, Ă©galement sans surveillance, et les cours de promenade, dans lesquelles les personnes dĂ©tenues sont entassĂ©es avec une surveillance illusoire sachant qu’un surveillant unique est chargĂ© d’une douzaine de cours alors qu’il ne peut en voir que deux ou trois simultanĂ©ment et qu’il n’a pas accĂšs Ă  la vidĂ©osurveillance. l existe au sein de la maison d’arrĂȘt de Fresnes un rĂ©el climat de tension » et d’affolement » dont les contrĂŽleurs ont pu ĂȘtre Ă  maintes reprises les tĂ©moins. Cette ambiance se traduit par des cris constants et un manque de respect envers les personnes dĂ©tenues, qui conIne Ă  la violence verbale. Le personnel Ă©tant en nombre insufIsant, il se trouve dans une situation de tension et de faiblesse incompatible avec un usage serein et proportionnĂ© de la force. Cette situation ne trouve cependant pas de traduction dans des plaintes pĂ©nales pour violences ou des sollicitations du personnel mĂ©dical. Selon certains soignants, la crainte de mesures de rĂ©torsion vis-Ă -vis des personnes dĂ©tenues pourrait expliquer le faible nombre des signalements. Des mesures disciplinaires trĂšs lourdes ont Ă©tĂ© rĂ©cemment prononcĂ©es Ă  l’encontre de trois surveillants. NĂ©anmoins, cela ne saurait sufIre Ă  rĂ©soudre une difIcultĂ© qui ne repose pas seulement sur des comportements individuels. Des mesures d’organisation, de formation et d’encadrement sont nĂ©cessaires. 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 Les comptes rendus d’incident doivent faire l’objet d’un contrĂŽle systĂ©matique de la direction et des mesures immĂ©diates doivent ĂȘtre prises, en particulier par des actions de formation et par un renforcement dĂ©terminĂ© de l’encadrement, aIn de mettre un terme au climat de violence qui imprĂšgne l’établissement. Chaque cas de recours Ă  la force doit faire l’objet d’un retour d’expĂ©rience » en prĂ©sence d’un membre de la direction. pratiques locales attentatoires aux droits fondamentaux subsistent, qui sont contraires aux textes lĂ©gislatifs et aux recommandations du CGLPL De nombreux dysfonctionnements dĂ©jĂ  signalĂ©s auraient dĂ» trouver remĂšde sans qu’il soit nĂ©cessaire d’engager des dĂ©penses ou d’attendre des mesures relevant d’autoritĂ©s externes. La pratique des fouilles Ă  corps et l’utilisation de locaux dĂ©nommĂ©s salles d’attente » sont les cas les plus graves en termes de respect des droits fondamentaux des personnes dĂ©tenues. Le recours aux fouilles Ă  corps fait l’objet de pratiques locales qui violent les droits des personnes dĂ©tenues et ne sont pas conformes Ă  la loi. En effet, les fouilles Ă  corps doivent ĂȘtre expressĂ©ment motivĂ©es, soit, en application de l’article 57 de la loi pĂ©nitentiaire de 2009 dans sa rĂ©daction initiale, par le comportement de la personne fouillĂ©e, soit, depuis la modiIcation de cet article par la loi du 3 juin 2016, par un risque particulier identiIĂ© au niveau de l’établissement. A la maison d’arrĂȘt de Fresnes, une note interne d’application dĂ©Init des critĂšres de recours aux fouilles Ă  corps qui sont si extensifs qu’en pratique la fouille Ă  corps devient la rĂšgle et non l’exception. En tĂ©moigne le fait que les surveillants ne disposent pas d’une liste des personnes Ă  fouiller, mais seulement de celles qui ne doivent pas ĂȘtre fouillĂ©es. Plus grave encore, en deuxiĂšme division, nonobstant l’existence d’une liste de personnes qui ne doivent pas ĂȘtre fouillĂ©es, les fouilles Ă  corps sont systĂ©matiques, ce que l’encadrement de la division semblait ignorer avant que le CGLPL le lui rĂ©vĂšle. Les personnes dĂ©tenues qui bĂ©nĂ©Icient de doubles parloirs sont mĂȘme fouillĂ©es Ă  deux reprises au motif qu’elles retournent en salle d’attente ou en cellule entre les deux pĂ©riodes de parloir. Les fouilles Ă  corps ne doivent ĂȘtre pratiquĂ©es que dans les situations prĂ©vues par la loi, sur le fondement d’une dĂ©cision motivĂ©e et seulement lorsqu’elles sont nĂ©cessaires ; elles doivent ĂȘtre effectuĂ©es de maniĂšre proportionnĂ©e au risque identiIĂ©. L’utilisation mal contrĂŽlĂ©e de locaux ofIciellement dĂ©nommĂ©s salles d’attente », mais localement dĂ©signĂ©s sous l’appellation de placards », est particuliĂšrement indigne et brutale. La gestion de mouvements entraĂźnant des ux massifs et frĂ©quents peut justiIer le recours ponctuel Ă  de telles salles d’attente. NĂ©anmoins, les conditions de leur usage sont abusives. l s’agit en effet d’espaces rĂ©duits en rĂ©alitĂ© la surface d’une cellule, sans sanitaire, non pourvus de point d’eau ni, pour la plupart, de banc, dans lesquels les personnes dĂ©tenues sont placĂ©es, debout et parfois trĂšs nombreuses jusqu’à trois par mĂštre carrĂ©. Ces derniĂšres peuvent y rester de longues heures, quelquefois dans l’attente d’un entretien qui n’arrive jamais pour des motifs incertains. Les personnes dĂ©tenues placĂ©es dans ces locaux pour une longue durĂ©e sont parfois contraintes de faire leurs besoins sur place, malgrĂ© la cohue, sans que rien ne soit prĂ©vu pour cela. Des brutalitĂ©s et des violences se dĂ©roulent dans les placards » hors de tout contrĂŽle. Le soupçon de placements au placard » pour des motifs infra-disciplinaires est largement rĂ©pandu dans la population pĂ©nale. Les salles d’attente doivent ĂȘtre amĂ©nagĂ©es conformĂ©ment Ă  leur destination, utilisĂ©es dans la limite des places offertes et pour des durĂ©es compatibles avec un dĂ©lai d’attente raisonnable que l’administration doit dĂ©Inir et contrĂŽler. D’autres anomalies grossiĂšres qu’un peu d’attention aurait sufI Ă  supprimer et qui portent atteinte Ă  certains droits fondamentaux ont inexplicablement Ă©chappĂ© Ă  la vigilance des responsables locaux – une liste des patients bĂ©nĂ©Iciant de traitements de substitution aux opiacĂ©s, intitulĂ©e CSAPA » 5 est afIchĂ©e Ă  cĂŽtĂ© de la salle d’attente et visible de tous ; cette pratique porte atteinte au secret mĂ©dical 6 et met en pĂ©ril la sĂ©curitĂ© des personnes dĂ©tenues susceptibles d’ĂȘtre victimes de racket ; – la langue crĂ©ole est frĂ©quemment utilisĂ©e pour les Ă©changes professionnels entre surveillants 7, ce qui limite le contrĂŽle hiĂ©rarchique et donne aux personnes dĂ©tenues un sentiment d’incomprĂ©hension des dĂ©cisions qui les concernent ; – le tutoiement des personnes dĂ©tenues par les surveillants est quasi systĂ©matique et des tĂ©moignages de propos agressifs, dĂ©gradants ou humiliants que l’on peut assimiler Ă  des brimades ont Ă©tĂ© rapportĂ©s aux contrĂŽleurs dans des proportions jamais observĂ©es auparavant 8. * * * La visite rĂ©alisĂ©e Ă  la maison d’arrĂȘt des hommes du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes a montrĂ© que cet Ă©tablissement ne prĂ©sentait pas les conditions structurelles permettant d’accueillir la population pĂ©nale dans le respect de ses droits fondamentaux. La surpopulation exceptionnelle empĂȘche un hĂ©bergement dans des conditions conformes aux normes retenues par le CPT. L’insufIsance numĂ©rique et l’inexpĂ©rience du personnel ne lui permettent pas de faire face au minimum de tĂąches nĂ©cessaires au respect de l’article 22 de la loi du 24 novembre 2009 9. Les conditions d’hygiĂšne, que l’invasion des rats et des punaises sufIt Ă  caractĂ©riser, constituent une violation de l’article 3 de la Convention europĂ©enne des droits de l’homme. Bien que cette situation soit connue des autoritĂ©s administratives et judiciaires comme des Ă©lus locaux, aucune mesure tendant Ă  la corriger n’est prise. En outre, le manque d’encadrement nuit gravement Ă  la maĂźtrise des pratiques professionnelles. 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 Dans de telles conditions, des tensions importantes existent, tant parmi les personnes dĂ©tenues qu’entre le personnel et la population pĂ©nale. Un climat de violence constant rĂšgne dans l’établissement, selon des tĂ©moignages abondants et les constats directs des contrĂŽleurs, et l’usage de la force n’est ni maĂźtrisĂ© ni contrĂŽlĂ©. Le CGLPL considĂšre en consĂ©quence que la maison d’arrĂȘt du centre pĂ©nitentiaire de Fresnes doit faire l’objet, d’une part, de mesures urgentes concernant la surpopulation pĂ©nale, la rĂ©novation de l’immobilier et l’effectif des surveillants, et d’autre part, d’une reprise en mains du fonctionnement de l’établissement, notamment aux Ins de faire cesser le climat de violence. ĂŻl est demandĂ© au ministre de la justice de faire procĂ©der Ă  une inspection approfondie de l’établissement et d’informer le CGLPL de ses conclusions ainsi que du suivi de leur mise en Ɠuvre. 1JOdu 30 juin 2015, texte 126. 2Espace vital par dĂ©tenu dans les Ă©tablissements pĂ©nitentiaires normes du CPT,15 dĂ©cembre 2015. 3 Ce conseil, coprĂ©sidĂ© par le prĂ©fet, le prĂ©sident du TG et le procureur placĂ© prĂšs ce tribunal, rĂ©unit des reprĂ©sentants des collectivitĂ©s locales, des autoritĂ©s judiciaires, du barreau et de l’administration pĂ©nitentiaire. 4 Refus sans violence d’exĂ©cuter un mouvement prescrit. 5 Centre de soins d’accompagnement et de prĂ©vention en addictologie. 6 Art. L. 1110-4 du code de la santĂ© publique. o er 7 Loi n 94-665 du 4 aoĂ»t 1994 relative Ă  l’emploi de la langue française, art. 1 . o 8 Loi n 2009-1436 du 24 novembre 2009 pĂ©nitentiaire, art. 22. 9 L’administration pĂ©nitentiaire garantit Ă  toute personne dĂ©tenue le respect de sa dignitĂ© et de ses droits. » 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ANNEXE Texte 131 sur 161 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161 14 dĂ©cembre 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 131 sur 161
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